Tout ça pour un balai!

Hj: J'inaugure ^^ !

Ses yeux sombres cernés, son teint cireux, ses cheveux en bataille, Dresde attendait patiemment au niveau trois du Ministère. Il n'était pas sortit d'Askaban depuis si longtemps que ça, mais par contre, y avait passé de longues et interminables années. Si bien que, son balai, n'ayant pas été utilisé durant tout ce temps, devait être contrôlé. Soit, il avait joué le jeu, et attendait à présent qu'on lui le rende...

Nombre de sorciers et sorcières, certains vêtus d'habits de Quidditch, passaient ici et là, jettant à l'Allemand des regards suspicieux, auquel il répondait par un rictus d'une calme insolence. On l'avait libéré, après tout, non? Le Ministère l'avait libéré, alors erreur ou pas, la faute n'était pas sienne. Il en riait intérieurement, sachant pertinemment que laisser quelqu'un comme lui sortir d'Askaban après l'y avoir enfermé ne pouvait être qu'une erreur de plus, une bavure...

Adossé à un mur, les mains dans les poches, Dresde attendait toujours, les minutes passant inlassablement sans prendre compte de sa patience qui suffoquait, à force. Perdu dans ses pensées, il s'impatientait, fixant de son oeil fou le sol marbré du Ministère, un sourire méprisant aux lèvres...

Un sourire qui ne fit que s'aggrandir, à la vue d'un passant, qu'il connaissait bien. Un ami d'une des victimes de ses meutres sanglants. Celui-ci hurla à la vue de Dresde, fonçant sur lui, baguette au poing. L'Allemand ne bougea qu'à la dernière seconde, sortant vivement sa baguette de bois sombre, et la pointant vers son assaillant, un sourire dément aux lèvres.

L'homme, soudain hésitant, s'arrêta. Les autres passants regardaient les deux protagonistes d'un oeil inquiet, sachant bien que l'un d'eux était le prisonnier Hesse.

« Voyons mon cher, est-ce bien judicieux, selon vous? Vous ne voudriez tout de même pas mettre votre nom sur une liste déjà assez longue comme ça, non?... »

Un rictus amusé aux lèvres, il regarda l'homme partir, dépité, lançant injure sur injure. Oui, était-ce judicieux, de croiser le fer avec Dresde Hesse?

Alexander, enfermé à double sort dans son bureau afin d'être sûr de ne pas être dérangé aujourd'hui, était penché sur une pile de parchemins qu'il lisait avec la plus grande attention.
"Pourquoi tant de changements
Cela me paraît dément." souffla le vieil homme.

En effet, régulièrement, la Fédération Britannique de Quidditch rédigeait des mises à jours au règlement déjà existant. Des fois était-ce juste un mot qui changeait afin d'être plus clair, des fois était-ce un paragraphe qui était supprimés, des fois était-ce des phrases rajoutées... Bien souvent, ces modifications ne changeaient pas en profondeur le fonctionnement du jeu mais répondaient, pour la plupart, à des cas d'espèces arrivés lors des matchs afin que ces cas ne se reproduisent plus.
Et comme toujours, la Fédération prenait soin d'en informer le Ministère afin de rendre officielles ces modifications.

Alexander était tellement pris par cette activité qu'il en avait totalement oublié son thé qui refroidissait sur le rebord de son bureau.

Tout à coup, le cadre qui lui faisait face, au mur, se mit à emmetre un certain bruit. Alexander releva la tête et regarda dans sa direction.
"Quelqu'un attend devant la porte." annonça le personnage peint dans le cadre. Et avant qu'Alexander ait le temps de répondre, il ajouta : "Depuis un certain temps déjà."
Le Ministre des Sports et Jeux Magiques se leva de son bureau et se dirigea alors vers la porte qu'il dévérouilla d'un coup de baguette.
Alors qu'il s'apprêtait à la ranger dans la poche intérieure de sa robe de sorcier, il vit un spectacle peu banal dans cette partie-là du Ministère de la Magie. Ni une ni deux, sans même prononcer un mot, il pointa sa baguette vers les deux jeunes personnes et les désarma. Leurs baguettes volèrent quelques secondes avant de se poser doucement sur le sol.
Un coup vif du poignet, les deux baguettes foncèrent dans la main libre d'Alexander.
"Seuls les cognards sont autorisés ici.
Veuillez ranger ces baguettes je vous en prie." grogna-t-il.
Il regarda essentiellement l'inconnu aux cheveux ébouriffés, ayant reconnu la seconde personne comme un de ses assistants et ce dernier, le regard fixé sur le sol, rougissant de honte.

Il rendit les baguettes à leurs propriétaires et invita l'inconnu à entrer dans le bureau alors que l'assistant du Ministre fuyait déjà dans le couloir à vive allure en direction du département de coopération international des jeux et sports magiques.

Alexander fit entrer le visiteur et referma la porte derrière lui, regardant avec une certaine pitié son jeune assistant qui s'était malencontreusement retrouvé en face de cet homme. Car il l'avait reconnu. Oh oui. Cela remontait à des années en arrière mais comment l'oublier. C'était dans ses premières années de membres du magenmagot, après son retour en Angleterre et sa démission de la royal navy. Comment l'oublier?
Et cet homme était aujourd'hui dans son bureau. Si Alexander ne s'était raisonné, il aurait probablement fait plus que désarmer ce mécréant qui venait, de plus, violé son sanctuaire. Cela aurait peut être rendu service à la communauté sorcière d'éliminer un délinquant de plus.

Mais faisant fit du passé, il ferma la porte et se dirigea vers son bureau.
En passant devant le grand vaisselier qui recouvrait une partie du mur, il jeta un coup de baguette en direction des placards. Immédiatement, un plateau d'argent en sortit se lequel se posèrent délicatement 2 soucoupes, telles 2 feuilles d'arbres glissant sur le sol au mois d'Octobre. 2 tasses de porcelaine d'un blanc emaillé s'installèrent confortablement dans leur soucoupe respective, suivies par 2 petites cuillères d'argent. Une boulloire, visiblement remplie d'eau à en juger par le clapoti qu'elle produisait en tanguant de gauche à droite, se dirigea vers le poil qui se trouvait dans le coin de la pièce et se posa dessus.

Alexander, derrière son bureau ne s'intéressa guère au spectacle qu'offrait la vaisselle, trop habitué à cela pour y prêter attention. Il prit les parchemins qu'il lisait encore quelques minutes plus tôt, les tapa contre le bureau et les rangea dans une chemise qu'il classa soigneusement dans un des casiers qui se trouvaient derrière lui.
Il s'assit enfin à son bureau, joignant les mains et calant ses coudes sur son sous main afin de prendre appui. Il avança légèrement son visage et dit :
"Monsieur ?"

Alors que l'homme qui faisait face à Alexander se présentait, cherchant par là-même à provoquer légèrement le vieillard en tentant de faire remonter à la surface de vieux souvenirs, le Ministre des Jeux et Sports Magiques détourna ses yeux de ceux de son interlocuteur pour tourner sa tête et pointer sa baguette vers le grand vaisselier. Un second plateau d'argent, de taille plus réduite que le précédent sur lequel était disposé un sucrier, un petit pot de lait et une coupelle de rondelles de citron en sortit et se dirigea vers le bureau. Alexander se saisit d'une rondelle de citron et commença à en verser quelques gouttes dans son thé. Le plateau glissa sur le bureau en direction de Dresde.

Même si les yeux d'Alexander n'avaient pas repris contact avec ceux de l'ancien détenu, l'attitude du vieil homme ne marquait pour autant aucun manque de respect envers son hôte, ce qui aurait été tout à fait contraire à ces principes moraux et sa réputation de gentleman.

Une fois que Dresde eut terminé son laïus, dont les phrases pouvaient, pour certaines, sonner comme des lames directement lancées sur Alexander pour que ce dernier perde son sang froit, le vieil homme répondit, en riant légèrement d'un ton détaché :
"De la haine..." Alexander laissa échapper un petit rire. "De l'oubli..." il laissa en échapper un second. "Voyons..."
Pour la seconde fois seulement depuis qu'ils étaient dans ce bureau, Alexander regarda Dresde dans les yeux.
"Après tout, n'est-ce pas là la règle du jeu ?" posa-t-il comme une question réthorique.
"Lorsque l'un gagne, l'autre perd.
Mais merci pour le thé."

Le Ministre des Jeux et Sports Magiques amena la tasse jusqu'à ses lèvres sans lâcher la connection qui existait entre les regards des jeunes hommes.

L'oublier ? De toute façon, même si Alexander commençait à afficher un grand âge, il n'en oubliait pas plus les choses pour autant. Il avait été, dans sa vie, Capitaine d'une équipe de Quidditch, Rédacteur en Chef du Journal des Etudiants, il avait servi dans l'armée britannique et avait même enseigné, durant un court moment, à Cymru. Et aujourd'hui, il était encore membre du Magenmagot, Ministre des jeux et Sports Magiques, Père et Grand-Père, Président du Club des Portree Pride,... et il était capable d'énoncer les noms de tous ceux qui avaient travaillé avec lui durant toutes ces années. L'oublier ? Dresde cherchait réellement à l'insulter. Mais il en avait vu bien plus. La Navy forge un caractère et ce n'était certainement pas un simple criminel qui pouvait l'atteindre.

"Et vous êtes là pour...?" demanda-t-il enfin en reposant sa tasse dans la soucoupe.

Le provoquer? Que diable, non! Non, loin de Dresde cette idée, il portait en trop grand respect Cunningham pour se le permettre. Et puis... face à un vieil Ecossais aussi increvable et dur que lui, ça n'avait pas le même charme. C'était comme gâcher de la provocation, s'essouffler inutilement, bref, perdre son temps.

"Après tout, n'est-ce pas là la règle du jeu? Lorsque l'un gagne, l'autre perd." Certes, certes. Mais n'était-ce pas cruel, que d'imposer des règles aussi stupides et communes que celles citées, à la vie d'un personnage tel que l'Allemand? Bien que son égo en fut touché, il n'en laissa rien paraître, se contentant d'afficher un mince sourire, l'ironie coulant de sa bouche avec ses paroles, prononcées toujours du même ton calme. Trop calme:

« Nous préférons naturellement tous gagner,
prêts à tout pour y arriver;
J'accepte la défaite une fois mais pas deux.
Les gens prennent cependant un plaisir abusif à jouer le feu... »

Il avait dit cela d'un ton très poli, portant à nouveau la tasse à ses lèvres, laissant un bref instant à son interlocuteur pour analyser sa réponse. Ne pas jouer avec le feu. En l'envoyant à Askaban, on lui avait donné un paquet d'allumettes, en quelque sorte, et en l'en sortant, on lui avait montré comment ça marchait. Etait-ce donc le besoin que l'Homme avait de connaître ses limites, que de le relâcher? Le Ministère était décidément toujours aussi lamentable, pour ce genre d'affaires... Soit. Il avait toujours fait un travail remarquable, on sein de la Confédération Internationale Sorcière, après tout... Etait-ce là, en quelques mots, une mise en garde? A Alexandre de le savoir, Dresde n'était pas là pour lui parler de ça, de toute façon.

La question venant de la part du Ministre des Jeux et Sports Magiques, l'ex-détenu afficha un sourire satisfait. Il se demandait en effet quand viendrait la question, et n'était pas déçu. Il savait toujours rester très classe, décidément, ce Cunningham...

« L'impatience commençait à me gagner, je dois vous l'avouer... » murmura-t-il en reposant à son tour sa tasse dans la soucoupe.

De sa baguette, il fit un bref geste, vague au possible, un dossier apparaissant de nulle part, avant de se poser doucement sur le bureau de son hôte. Il était empli de fiches en tout genre, des photographies bavant sur les côtés, alors que l'on avait fermé le tout avec une ficelle, et la plus grande peine du monde.

« J'aurais aimé à vous le dire,
mais prétendre n'être ici que par pur plaisir,
ce n'aurait été que vous mentir... »

Il tapota le dossier d'un petit coup de baguette, la ficelle se détachant et laissant place à un flot d'informations, traitant sur sujet d'intérêt pour le vieil homme: le Quidditch. Et plus particulièrement, sur le passé des Portree Pride, avant qu'il n'en soit président. Allez savoir comment Dresde était tombé sur ce document, croulant sous les souvenirs, les articles de journaux et photos... Enfin... C'était un homme qui savait se montrer très convaincant, après tout.

« Je ne vous expliquerais pas comment je suis tombé dessus;
Je sais bien que je ne serais pas cru. »

Un vague sourire aux lèvres, indéfinissable, il termina sa tasse de thé, guettant avec calme la réaction de Cunningham. Il avait pensé que ça l'intéresserait, après, si ce n'était pas le cas... Non. Comment aurait-il pu ne pas s'y intéresser, hein?

Alexander continuait à boire son thé, paraissant n'écouter que d'une oreille les réponses de Dresde, même si en réalité il n'en perdait pas une miette pour autant.

Le viel homme ne put néanmoins cacher sa surpriqe quand son convive lui tendit un dossier. Il s'en saisit, l'ouvrit et lu en diagonal les pages qu'il contenait. Alexander qui se flattait d'avoir une bibliothèque bien pleine, surtout s'agissant des Portree Prides, passa rapidement sur certains parchemins dont il avait déjà connaissance pour s'attarder sur d'autres dont il ignorait tout. Il fut surpris parfois par certains paragraphes qu'il y lisait, amusé par d'autres.

Il feuilleta le dossier durant de longues secondes, n'en oubliant pas pour autant qu'il n'était pas seul dans ce bureau. Mais une question lui trottait dans la tête depuis que Dresde lui avait tendu ce dossier. Pourquoi ? Pourquoi l'ex-détenu lui montrait-il ces documents ? A en juger par son attitude, ce n'était certes pas par pure générosité, surtout envers un homme qui l'avait envoyé croupir au fond d'une geole tandis que lui s'offrait le luxe d'organiser de superbes soirées mondaines dans son chateau de Glencow. Alexander doutait également que ce fut pour amadouer son humeur. En effet, Dresde ne lui avait pour le moment rien demander et quand bien même le ferait-il, le vieil homme imaginait facilement que la flatterie n'était pas le genre d'arme que son hôte usait pour obtenir ce qu'il souhaitait. Alors pourquoi lui montrait-il cela ?

Alexander referma le dossier et releva son visage vers Dresdre. Ses traits avaient repris leur sérieux et il répéta une nouvelle fois sa question :
"Et vous êtes là pour... ?"

Le dossier contenait bon nombre de photographies, de vieux articles de journaux, de parchemins, et autres. Cunningham le feuilletait avec ce qu'espérait l'Allemand, être de l'intérêt. Passant d'une main d'expert sur les documents, il referma le fichier au bout d'un moment, relevant la tête vers son interlocuteur, répétant à nouveau sa question. Ce dernier esquissa un maigre sourire, avant de répondre, haussant vaguement les épaules:

« Me croiriez-vous, si je prétendais n'être là que par pur altruisme?
Non, vous ne verriez là que pur euphemisme... »

Ces paroles étaient plus adressée à lui-même qu'à l'Ecossais, alors que d'un geste nonchalant, il terminait sa tasse de thé, sans le quitter des yeux, l'oeil à la fois fou, et amusé. Il se délectait du malaise qui devait s'emparer de celui qui, avec d'autres, l'avait envoyé au trou. Que pensait-il, à l'instant? L'angoisse l'enserrait-elle, à l'idée de se trouver en tête à tête avec celui dont on avait vanté les crimes? L'assassin que l'on avait jamais pu cerné et que, curieusement, on avait libéré? Il était trop vieux pour ça, non?

« J'ai passé... de nombreuses années à Askaban, peut-être même trop, voyez-vous?
Le temps m'a paru long, je l'avoue.
Je me suis ennuyé, beacoup... »

Il marqua une brève pause, sa main se resserrant sur sa tasse, à en faire pâlir les jointures de ses doigts, et poursuivit finalement:

« Aussi dur que cela soit pour moi de vous le dire, que vous de l'assimiler:
Je besoin que vous... que vous m'aidiez.»

Avoir besoin d'aide. Qu'il haïssait cela! C'était une faiblesse! Une autre! La seule autre, peut-être, mais une faiblesse horiblement prenante et humiliante, au goût du Germanique. Et l'Ecossais, comment réagirait-il? Il ne le croirait pas, sans doute, mais c'était sérieux. Honnêtement, aurait-il jamais l'audace de penser que Dresde eut pu plaisanter sur le sujet...?

« Je n'ai plus que l'ombre de mon métier;
comprenez bien, j'aimerais le retrouver... »

Certes, on l'avait réintégré dans le CIS, mais il n'en était plus directeur. Pour ce faire, il lui fallait l'appuie de trois Ministres. Il se tournait donc vers Cunningham, espérant que ce dernier accepte. Pourquoi le dossier, alors? Peut-être parce que Dresde était prêt à tout, et se trouvait être un tantinet manipulateur...

Alexander se câla au fond de son fauteuil de cuir rouge et regarda droit dans les yeux son interlocuteur, sans néanmoins le fusiller du regard ou autre, juste en attendant sa réponse.
Le coup de l'altruisme... Ceci fit beaucoup rire le vieil homme.
"Il est rare qu'on se terre jusqu'au 4ème niveau juste pour boire le thé avec moi." répondit-il, un sourire amusé aux lèvres.
*et d'autant plus quand j'ai envoyé mon interlocuteur en prison.* finit-il en lui-même.

Il tourna son regard vers le plateau d'argent et la théière sembla comprendre d'elle-même les désirs du vieux ministre. Elle se redressa et remplit la tasse d'Alexander. Le vieil homme récupéra une rondelle de citron qu'il pressa à nouveau afin d'assaisoner le breuvage.
Pendant ce temps, Dresde ressassait ses vieux souvenirs de taulard. Alexander avait repris son air désintéressé, même s'il ne perdait pas un mot des dires de son interlocuteur, mais sa réaction fut immédiate lorsqu'il entendit que Dresde avait besoin de lui. Il avala de travers la gorgée de thé qu'il était entrain d'ingurgiter. Tentant de cacher son étouffement, il posa bruyamment sa tasse dans sa soucoupe et fixa du regard l'homme qui lui faisait face.
"Besoin d'aide ?" s'enquit le vieil homme. Pour la première fois depuis le début de leur entrevue, Alexander s'était tout à coup sentit mal à l'aise.

Ainsi on ne venait pas lui tenir compagnie, à lui, le grand Alexander Cunningham? Cela surprenait l'Allemand. Ne disait-on pas du vieil homme qu'il donnait des réceptions fabuleuses, grandioses? Oui, même à Askaban, Dresde avait su gardé un lien avec l'extérieur, et avec eu vent de quelques détails. Alors pourquoi diable si cet homme était si apprécié, personne ne venait prendre le thé avec lui? Sa compagnie était agréable, il fallait le reconnaître, et son thé succulent, qui plus est. Franchement, Dresde ne voyait pas ce qu'il fallait de plus...

« Vous avez le don de m'étonner,
qui donc serait assez sot pour s'en priver, de votre thé? »

Un sourire amusé, tiré d'une joie malsaine, dévoilait les dents d'une blancheur de morts de l'ancien prisonnier. Et de la compagnie du vieil homme, pouvait-on s'en passer?...

Tout comme ce dernier, Dresde se fit resservir un peu de thé, qu'il sucra avec démesure, brassant sa solution -plus que saturée- avec un calme dérangeant. La réaction de son interlocuteur, s'étouffant à moitié avec sa boisson, ne lui inspira aucune pitié. Pas la moindre trace d'humanité dans ses yeux, ni d'amour du prochain, rien. A la place, il afficha un mince sourire, ironique et impatient, attendant d'un air las que le Ministre du département des Jeux et Sports Magiques se reprenne.

Ce dernier le regardait, à présent, comme si, pour la première fois depuis le début de leur entrevue, il le voyait vraiment, il y prêtait vraiment attention. "Besoin d'aide" répéta-t-il, visiblement surpris. Désagréablement surpris, sans doute. Merlin, pourquoi fallait-il toujours qu'il doive se répéter? Dresde s'en lassait vite. Très vite...

« Puisque je vous le demande si poliement,
ayez la gentillesse de m'être un adjuvant. »

Ses dents se serrèrent à ces mots. Mais bon, en l'occurence, il n'avait pas vraiment le choix. Sans un appui de directeur de département, il ne retrouverait pas sa place de dirigeant du CIS...

« Il me faut quelques appuis,
joignez-vous, je vous en prie.
Vous n'aurez pas grand chose à dire,
peut-être même juste à sourire.
Acquiessez, approuvez,
et rendez-moi cette place de directeur de Confédération Internationale des Sorciers... »

Etait-ce donc si difficile que ça? Non. C'était d'une simplicité affligeante. Un mot, une signature, peut-être, et c'était bon. Dresde laissa échapper un mince rire à cette pensée, fixant sans ciller celui qui fut, comme nombreux, son géolier...

Dresde flattait l'égo du vieil homme. Mais Alexander avait appris, depuis longtemps maintenant, que tout flatteur vit au dépend de celui qui l'écoute. Cela valait bien un thé sans nul doute.
Il avait eu le temps, durant ses longues années au service de sa très gracieuse majesté moldue, d'observer les ronds de jambes et les éloges dont ceux qui ont desespéremment besoin d'aide n'ont de cesse d'user. Lui-même avait d'ailleurs eu recours assez régulièrement à ces techniques, aujourd'hui encore. La politique n'était-elle pas qu'une jetée de poudre aux yeux. Que ce soit dans le monde magique ou de ce qu'il pouvait savoir du monde moldu actuel, les démagogues étaient tous les mêmes.

Bien entendu que personne ne se pressait au 4ème niveau pour boire le thé. Son Ministère n'était pas le dernier salon où l'on causait. Alexander et ses assistants avaient d'ailleurs bien plus de travail que ne pouvaient le penser les sorciers sans cervelle qui ne font que s'assoir dans une tribune pour regarder un match ou dans leur fauteuil pour l'écouter à la radio. C'était au Ministère de gérer tout cela. L'organisation des calendriers des rencontre nationale et internationale, l'intendance extérieure des clubs de Grande-Bretagne, l'homologation des records, des nouveaux balais, souafles, cognards, battes,... la retransmission radiophonique, le lien vers la gazette du sorcier, les nouveaux règlements du quidditch, la coupe des 3 sorciers de Poudlard, l'organisation britanniques des Bavbules...
Alexander pensait souvent à ces sorciers qui ne doutent même pas du travail que cela pouvait demander, eux qui ne faisaient que s'assoir et critiquer.

Alors en effet, le 4ème niveau n'était pas vraiment l'endroit où Alexander prenait le plus souvent du bon temps autour d'une tasse de thé.
Il avait pour cela des pubs sur le chemins de traverse ou les réceptions qu'il organisait dans sa demeure de Glencow.

C'est alors que Dresde parla de la Confédération Internationale Sorcière. Là, le vieil homme manqua de s'étouffer. Comment ce petit prétentieux avait l'audace de venir ici et demander à Alexander de lui servir de potiche souriante, secouant niaisement la main en guise de salut telle une miss amérique. Et tout celà pour confier à cet homme, qu'il avait envoyé en prison, qu'il avait surpris en train de violenter un de ses assistants, les rènes du pouvoir sorcier au niveau international.

"Vous vous rendez bien entendu compte de ce que vous me demandez ?" demanda-t-il réthoriquement.
"Je ne sais pas si je suis exactement le mieux placé pour cela."

Les deux hommes soutinrent leurs regards.
"Et quelle vertu avancerais-je pour convaincre du bien fondé de votre candidature ?"