Lowy
L’air du vent…Irlande. Une petite maison de pierre prés de la côte, à proximité d’une plage de galets frappées par les vagues. Une journée d’hiver, mois de mars où le printemps se fait attendre.
Une jeune enfant descends les escaliers du foyer en s’essuyant les yeux de sommeil, pieds nus sur le bois rugueux, ses longs cheveux blonds entremêlés en un tas de nœud effrayants, encore dans un pyjama à moitié défroqué.
- Lowy ! Met tes pantoufles mon cœur !Tante Agathe était dans le salon où l’escalier descendait. Elle avait dit ça, comme tout les matins ; c’était devenu une habitude, presque une coutume ancrée dans cette famille anglaise. Mais Lowy n’avait que faire de ses remontrances faussement sévères, et sa tante le savait. Cependant elle ne pouvait pas laisser sa nièce risquer de prendre froid sans rien dire.
« Mmh… » Réponse brève de l’enfant, l’esprit encore prit par d’étrange songes, qui s’assied à la table familiale, un bol de chocolat chaud fumant devant elle.
- Tu as bien dormi ? Tes étranges rêves ne sont pas revenus j’espère ?L’expression de la femme était partagé entre inquiétude et perplexité. Quelques jours auparavant, Lowy lui avait raconté le songe qui l’avait perturbé durant la nuit : elle disait y avoir vu de nombreux mangemorts en ronde autour de ce qui lui avait semblé être un feu de couleur verdâtre, qui hurlaient et riaient à pleine dents, le regard sombre et l’esprit plein de joie, de soif de sang et de cris. Cela aurait pû paraître un banal cauchemar d’enfant, pourtant les détails que donnaient sa nièce sur les sentiments et les pensées de ces serviteurs du mal étaient des plus troublants. Comme si elle arrivait
à percer leur carapace de chair. Agathe secoua la tête pour ôter ces drôles d’idées, et ne pas penser à des choses qu’elle avait tenter d’oublier depuis longtemps…
Lowy n’eut pas le temps de répondre, d’ailleurs elle n’en avait pas vraiment envie, d’humeur plutôt bougonne le matin. Oncle Will entra à cet instant, suivi d’un garçon transi de froid, le nez rouge et un grand sourire aux lèvres, tout deux les bras chargés de branchettes de bois. L’enfant ressemblait de façon frappante à Lowy, et pour cause, Charly était son grand frère, de deux ans son aîné. Les lèvres de la petite blondinette s’étirèrent et ses yeux se mirent à briller. Elle n’avait pas vu son frère depuis quelques jours, mais c’était fou ce qu’il lui avait manqué. Charly était tout pour elle, tout ce qui lui restait de sa famille proche, son ami, son confident, son protecteur, tout…
***
La jeune femme sourit à ce souvenir, puis elle reposa la photographie d’elle et son frère, beau jeune homme désormais, sur la commode miteuse de l’auberge. Elle devait la quitter ce matin même, pour se rendre… à Londres. Elle y était déjà allé de nombreuses fois aux cours de ses innombrables voyages. Ah ça, elle avait profité autant qu’elle l’avait pû de sa jeunesse folle, voyageant à travers l’europe (ses moyens nelui permettant pas de destinations plus lointaines malgré tout), avec pour seuls bagages sa curiosité naturelle et sa volonté de fer. Lowy était parti de la maison de son oncle et sa tante jeune. Elle n’était de toute façon pas faîtes pour l’école de sorcèlerie, ni pour l’école tout court. Charly parlait d’elle comme un courant d’air qu’il est impossible de surprendre ou d’arrêter, et il était très proche de la vérité. L’irlandaise aimait sa liberté plus que tout. A 17ans elle décidait de prendre son envol, au grand désespoir de sa tante. Son oncle, frère de sa mère, s’était toujours plus ou moins douté que cela arriverait, il ne la connaissait que trop bien. La jeune femme parcourut et traversa nombreuses villes et villages, se forgea sa propres expérience de la vie.
Et toujours ces rêves. A certains endroits seulement. Lowy comprit très vite qu’elle possédait quelque chose de particulier. Un don ? Ho non, elle n’y croyait pas une seconde ; sorcière, oui, mais là s’arrêtait ses croyances. Elle croisa un jour une femme à peine plus âgée qu’elle, en plein milieu de la transylvanie, qui lui ouvrit les yeux sans le vouloir : une extrême sensibilité permettait à la jeune sorcière de connaître les sentiments et états d’esprits des gens autour d’elle, si elle se donnait la peine de se concentrer. Elle décida non d’en faire une faiblesse, mais une force, un outil. Et petit à petit elle apprit à contrôler cette sensibilité, à partir à la découverte de l’esprit d’un autre sans pour autant se découvrir elle-même.
***
Lowy alla s’installer sur son lit, qui grinça sous le poids pourtant plume de la jeune femme. Elle avait désormais 21 ans. Quatre années de sa vie qui en vallait bien une dizaine dans une vie normale. Autant de printemps qu’elle n’avait pas vu son frère, ni bien sûr son oncle et sa tante. Elle était comme ça Lowy, à jamais ils resteraient dans son cœur, mais cela ne l’empêchait pas de se passer d’eux des années durant, sans cesser de les aimer. Et puis il y avait toutes ces lettres qui lui permettait de garder contact. D’ailleurs, la dernière devait être celle qui ramènerait la femme-enfant à la raison.
« […] Oncle Will nous a quitté hier matin. Une balle de fusil perdue. C’est terrible. […] Je ne t’en ai jamais parlé, mais Tante Agathe voulait à tout prix que l’on récupère sa boutique à Londres en héritage, tu sais celle qu’elle tenait avant… avant qu’elle ne nous prenne à la maison. Elle dit qu’il est plus que temps qu’elle se remette en marche, mais je sais bien au fond que c’est pour te permettre de te poser enfin qu’elle dit ça. Je sais, tu as horreur des animaux hurleurs et piailleurs, je sais que tu préfères ton calme, ta musique, tes bouquins et ta liberté, je sais. Mais je ne peux pas m’en occuper à ta place, je suis bien trop pris par mon boulot.
J’espère que tu comprendras, je t’aime petite sœur.
Charly » C’est vrai, contrairement à elle, Charly avait fait de longues études et il était devenu un Auror réputé en Irlande et dans toutel’ Europe. C’est vrai également que Lowy ne supporterai pas la vie que lui proposait, ou plutôt lui imposait sans en être vraiment consciente sa tante. Cependant, elle ne pouvait refuser, du moins pas de suite. Elle ferai ce qu’on lui demandait le temps que le souvenir et la douleur passe, puis elle reprendrait sa route, de droit.
Elle ne put s’empêcher de relire une dernière fois la lettre, la tenant de sa main droite fébrile, dans l’autre un morceau de parchemin de ce qui devait être son futur job, Propriété de la Ménagerie Magique. Un sentiment qu’elle ne connaissait plus depuis des années la traversa.
Comme un oiseau en cage…[Morceau de vie, ou comment on en est arrivé là.]