... Voire plus si affinités...

(HJ: Suite du sujet au Chaudron Baveur, nous avons pensé que ce serai plus judicieux de continuer dans la maison de Penny)

DJ: Je notai quelque part dans sa tête les paroles prononcées à propos des gens du terroir. Sa classe et sa distinction ne permettaient pourtant pas de penser qu'elle vienne de la terre. Sans doute une riche famille de Cornouailles.

Par contre, la question qui suivit était nettement plus personnelle que les précédentes. Ce n'était pas la première fois qu'on la lui posait du reste. Que répondre? Nous ne sommmes pas intimes. Une réponse toute faite, froide et impersonnelle suffirait.

- Pourquoi m'embarraser d'une personne alors que j'aime la liberté? C'est l'un des rares biens immatériels qui nous est vraiment propre et qui ne dépend que de nous. Je ne tiens pas à la sacrifier pour rentrer dans les canons de la société. Je n'ai jamais été comme ça, ce n'est pas maintenant que ça va continuer...

Une délicieuse odeur de cuisine envahit la pièce. Lacky vint nous prévenir que le dîner était servi. Elle avait préparé un civet d'hypogryffe accompagné de petits légumes.

- Tu peux prendre ta soirée Lacky, nous n'aurons plus besoin de toi.

- Merci Penelope madame.

Je me tournai immédiatement vers Alienor le sourire aux lèvres. La soirée promettait d'être intéressante intellectuellement parlant. Nous avions oublié tout jeu de séduction pour le moment, ce qui donnait un peu de substance à notre conversation.

- Passons à table, voulez-vous?

Un petit rictus se forma sur mes lèvres lorsqu'elle reconnut l'odeur. Ce plat est très bien connu des sorciers, et fort heureusement pour moi, c'est l'un de ceux que Lacky cuisine le mieux.

J'offris immédiatement un siège à Alienor tandis que je prenai place en face. Lacky avait pensé à une mise de table classique: vaisselle en porcelaine française, fine argenterie, chandelles... Et en plus elle avait mis une bouteille de Côtes du Rhones au frais. Un vrai bonheur. Peut-être que cette mise en scène de notre repas ferait mieux passer les questions que j'avais à lui poser.

Quelques unes de ses répliques avaient en effet aiguisé ma curiosité. A chaque fois, elle avait essayé de changer de sujet ou de me servir un grand sourire pour mieux faire diversion, mais c'était raté.

- C'est exactement ça. Lacky est une vraie perle.

Je dépliai la serviette en souriant aimablement, puis, je lui praposai de goûter le vin. Un liquide avec une belle robe vermeille sortit du goulot de la bouteille.

- J'imagine que nous aurons un repas sorcier français ce soir. J'espère que vous apprécierez. Si vous venez de la terre, comme vous l'avez dit tout à l'heure, il n'y aura pas de problème. D'où est-ce que vous venez exactement en Cornouailles?

Il ne fallait pas trop verser de vin dans le verre à ballon, au risque de gâcher la dégustation. Le Château Neuf du Pape est l'un de mes vins français préférés. Il est très rare qu'on en soit déçu.

- L'air de la ville doit considérablement vous changer.

Alienor fit tourner le précieux liquide dans le verre pour contempler sa robe, puis elle porta le verre à son nez pour en apprécier le bouquet. L'odeur des fruits rouges, de la provence remonta immédiatement. Il s'agissait là d'un vin très jeune... Elle laissa un peu de vin envahir sa bouche. Il avait un corps très léger qui accompagnerait le civet à merveille.

- Excellent, dit-elle après avoir bu. Vraiment excellent.

Alienor réfléchit à la réponse qu'elle allait lui faire en s'essuyant le coin des lèvres. Penelope semblait bien curieuse. C'était lgitime, Alienor s'était laissée piéger par ses propres paroles. Maintenant, il fallait bien répondre.

- Je viens de Truro. C'est là que nous habitions avec mon mari. Il possedait un vieux manoir familial un peu à l'extérieur de la ville. Mais ma famille est originaire de St Austell, un peu plus au nord-est. Mon frère s'occupe de la maison familiale là-bas.

Elle planta son regard dans celui de Penelope et continua après avoir bu une autre gorgée de ce divin nectar:

- Mais aujourd'hui, la ville est synonyme de liberté pour moi. Je débarque à peine, et je suis pleine d'espoir. J'espère que notre rencontre me renforcera dans mes convictions.

La dame de Cornouailles sortit une photo d'une des poches intérieures de sa robe de sorcière et la tendit à Penny.

Je pris la photo qu'elle me tendit en souriant. Moi aussi j'attendais beaucoup de cette soirée à présent. Sur la photo, on la voyait elle, et un jeune homme aux cheveux châtains mi-longs. Il arborait une barbe de trois jours et un très joli sourire. Charmant. Sur la photo, il tenait Alienor par la taille de manière très protectrice. Son seul regard découragerait sans doute n'importe quel galantin.

- Si je me souviens bien, il y a une noble famille sorcière qui vit là-bas depuis des siècles, non? demanda-t-elle curieuse. Puis, en regardant la photo: Je suppose qu'il s'agit de votre ex-mari. Il a beaucoup de charme.

En attendant une réponse, je passai la main au-dessus du dessous de plat et une grosse marmite apparut. A l'intérieur, une préparation en fusion dégageait une odeur exceptionnelle. Combien de sorciers se sont bousculés à la maison alléchés par les rumeurs louant la table de l'hôtesse?
Ici avaient défilé Ministres, Ambassadeurs, et toute une foule de personnages illustres et importants. Ici on avait échangé opinions, avis, on avait fait et refait le monde, développé de grandes théories et disserté sur les petites choses de la vie.

Les deux convives dinèrent joyeusement. L'heure du dessert arriva.




HJ: J'ai parlé de la photo mais je ne savais pas ce que tu voulais y mettre dessus -_-' . Du coup, si ça ne te va pas, je change.

HJ: Non c'est bon, t'inquiète.


DJ:

- Vous supposez mal. Il s'agit de mon frère. Milo Lancaster.
Il est charmant, n'est-ce pas?

Le civet était délicieux. Penny, qui n'avait rien mangé cuisiné maison depuis qu'elle avait quitté sa propre maison, lui avait fait honneur deux fois. Penelope avait raison: son elfe était un véritable cordon bleu.
Le temps passa, le vint descendit et l'heure du dessert vint parachever le repas.

- Dites-moi Penny, vous savez beaucoup de moi mais la réciproque n'est pas vraie. Racontez-moi un peu votre vie, vos amours... vos emmerdes? demanda-t-elle non sans un sourire malicieux.

La question d'Alienor était plus faite pour sourire que pour se vexer. Elle ne se voulait pas déplacée ou voyeuriste. ELle s'en moquait. Une jeune femme l'avait gentiment invitée chez elle, elle jouaissait d'une position élevée dans la société sorcière, apparemment elle était issue de la bonne société londonienne, voilà ce qu'elle savait. Rien de plus.

Si elles devaient passer du temps ensemble, autant apprendre à se connaître. Pourquoi pas devenir amies aussi?

- Je vous écoute.

Question légitime. Mais je n'étais pas franchement disposée à laisser filtrer les informations importantes qu'au compte goutte et de manière intelligente.
- Bien. Je vis dans cette maison depuis que je suis toute petite. Mes parents sont lespatrons de l'entreprise de potions cosmétiques Gilligan. J'ai moi aussi un frère, Dominic, qui est en train de prendre la succession de notre père à la tête de l'empire Gilligan.
Je me levai pour débarrasser la table magiquement. Les assiettes disparurent directement dans l'évier, comme tout le reste d'ailleurs.
Puis, en passant la main au-dessus de la table, je fis apparaître deux assiettes à dessert cernées des couverts qui allaient avec. Grâce à un sortilège d'attraction, je fis léviter vers nous une bouteille d'excellent champagne français: un Dom Pérignon.
- Je n'aime pas les français, mais je leur reconnaît un certain raffinement dans l'art culinaire et dans les spiritueux.

Lorsque tout fut dressé, elle tapa dans ses mains pour laisser apparaître une magnifique charlotte à la citrouille.
- Où en étais-je? Ah oui. Après Poudlard, je savais que je n'étais pas faite pour les affaires. Je me suis vite découvert penchant naturel vers les soins. Après mes ASPICS, je me suis orientée donc vers des études pour devenir guérisseuse. J'ai réussi brillamment le concours d’entrée à l’école de « Mangouste Bonham » et fini major de promotion. A son issue, j'ai passé un an en tant qu’assistante de Madame Pomfresh à Poudlard. Hippocrate Smethwyck a été mon maître à Sainte-Mangouste. Je lui ai d'ailleurs succédé.
La charlotte fut vite découpée et servie. Avant d'engloutir ma première bouchée avec gourmandise, je repris le cours de mon récit.
- Pour le reste, je ne me suis jamais mariée, j'aime trop la liberté et les avantages qu'elle procure physiquement. J'aime l'amour, pas aimer. Hommes, femmes, chaque corps a sa propre volupté et sa saveur.

Finalement, j'avais changé ma baguette de main en cours de route. J'aime dire les choses comme je les pense quand ça peut m'être utile.

Le contact de ses lèvres sur ma peau réveilla en moi des soupçons de désirs que je croyais éteints à jamais. Mais ils n'étaient pas suffisants pour que je cède à une attaque si peu réfléchie.
Je n'avais pas connu la chaleur d'autres bras depuis fort longtemps, et tous mes sens étaient en éveil.

Alienor était belle, attachante et prête à l'abandon, mais ma nature ne pouvait se contenter de cela. Il y avait autre chose... Je le sentais mais je ne pouvais dire quoi.

- Peut-être. dis-je en me levant. Mais je ne suis pas de nature à accepter cet capitulation aussi facilement...
Vous me connaissaez à peine. Qu'est-ce qui justifierait un tel geste de votre part?

Un mouvement de baguette de ma part et une théière vint vers nous voletant. Elle fut suivie par deux tasses trop heureuses de sortir de leur buffet au nez et à la barbe des verres à digestifs qui étaient plus souvent mis à contribution.

- Nous avons bien joué tout à l'heure, et il est évident que si je vous ai fait venir ici, ce n'est pas pour vous regarder dans le blanc des yeux toute la soirée. je sens chez vous poindre une certainement mélancolie liée à de l'appréhension. Je ne pourrais aller plus loin sans savoir ce qui provoque cela.

Quelque chose me disait bien qu'il n'y avait pas que ça. Mais il y avait beaucoup de choses qui me satisfaisaient dans cet aveu. Et cet air mutin et moqueur qu'elle me servait avec sa question à deux mornilles commençait à mettre le feu aux poudres. Elle n'était pas innocente, et même si elle l'était avec les femmes, ça n'allait pas durer.

L'air de la pièce se chargea d'électricité. Je passais ma main au-dessus d'un chandelier dont les bougies s'éteignirent pour laisser la place à une ambiance feutrée qui se prêtait davantage à la situation.

- On peut largement y remédier...

La première fois avec une femme me faisait peur à moi aussi, mais elle était intervenu plus tôt dans ma vie. Je venais de rompre avec l'homme que j'aimais pour d'obscures raisons, les murs avaient tremblé de notre colère, de la lâcheté dont j'avais témoigné envers lui. Merlin, c'est bien le pire souvenir de toute ma vie... à n'en pas douter.

Alors je me suis mise à déconner, il n'y a pas d'autre mot. J'ai multiplié les sorties, rencontres et expériences pour l'oublier. Mais on ne raye pas de sept années de sa vie en un claquement de doigts. Et puis un jour je suis tombée sur Emma. Elle était étudiante, comme moi, et ne me demandait rien. Je connaissais ses orientations, mais ça ne me dérangeait pas. Jusqu'au jour où elle m'a mise devant le fait accompli. Elle ne m'a pas convertie, elle m'a initiée. Depuis Yacine, je ne suis jamais retombée amoureuse. On s'abîme trop à ce jeu. Emma je ne l'ai jamais aimée, du moins, je ne pense pas. Nous nous sommes séparées justement quand j'ai commencé à m'attacher à elle. Je ne voulais pas souffrir.

Alienor, me rappela ma première fois. Elle n'avait pas peur, elle était juste intimidée. Je me rapprochai d'elle et sentis son parfum. Cette fois, nous avions atteint un point de non retour. Mes lèvres se posèrent délicatement sur les siennes pour un premier baiser qui en innaugurerait certainement une belle série.

Contre elle-même Alienor eut un léger mouvement de recul lorsque Penelope l'embrassa.

Tout son corps frémissait de désir pour cette femme et en même temps... elle angoissait ce qu'elle pourrait ressentir, attendu ou de travers. Etait-elle faite pour ça? Pour une vie de débauche, scandaleuse à souhaits? Passer d'un extrême à l'autre était-ce la solution? Le petit oiseau qui avait vécu sa vie dans une prison dorée se retrouvait complètement piégé à l'extérieur, sans défense.

Mais elle ne pouvait plus reculer. c'était elle qui avait mis le feu aux poudres. Alors elle glissa dans l'abandon le plus complet en laissant ses mains caresser le dos de Penelope et en répondant à chacun de ses baisers. Petit à petit elle prit confiance en elle et ...

- Je ne sais pas trop quoi faire... lui glissa-t-elle à l'oreille.

Pour lui prouver sa bonne foi, elle l'embrassa dans le cou et déscendit progressivement... Ses doigts commencèrent à défaire progressivement la chemise de Penelope.

L'endroit devenait inconfortable pour ce genre d'activités.

... c'est pour ça que je décidai de l'emmener sans plus tarder vers ma chambre.

Je sais que je jouis d'une certaine réputation à Sainte-Mangouste comme dans la bonne société. Personne ne me connais vraiment moi ou les secrets que je traîne derrière moi. J'ai passé quelques années à épuiser des corps sans me soucier réellement de qui les occupait. C'est vrai. j'ai recherché le plaisir et le confort pour mieux fuir ma réalité.

Mais ce soir, elle, elle me touche. Je croyais que c'était une allumeuse comme il en existe beaucoup sur terre. mais elle n'est pas que ça. Sa sincérité m'a désarmée, alors, en plus du plaisir, j'ai voulu lui offrir la tendresse.

Cette nuit là, nous l'avons passée drapée dans al simplicité, sans fausse promesse. Ca faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Aussi au petit matin, lorsqu'elle se réveilla, je suis allée jusqu'à lui offrir un souvenir et une seule promesse.

- Bonjour, j'espère que la nuit n'a pas été trop courte.

Je la regardais pendant un court instant comme pour mieux graver dans ma mémoire le souvenir de cette nuit, différente.

- J'ai apprécié cette nuit car elle n'a pas été gâchée par de faux serments. Aussi, avant que tu ne partes, je voudrais t'offrir quelque chose.

Mon cadeau se trouvait dans un coin du titroir de ma commode. Après l'avoir pris, je me rassis sur le lit, juste à côté d'elle.

- C'est un tirmoidla, un anneau français de secours. Si tu es blessée ou si tu as un souci quelconque, il enverra directement un signal de détresse sur mon médaillon. On m'en a fait cadeau, mais je n'ai jamais pu trouver la personne à qui l'offrir. Je t'apprécie beaucoup et je sais que tu es une bonne personne. Tu m'as offert un beau cadeau hier soir, alors, prends-le.

Je glissai l'anneau dans la paume de sa main et repliai ses doigts dessus. Un baiser et une douche plus loin, notre rencontre était terminée.

HJ: Je te laisse conclure comme prévu.

De cette soirée Alienor garda un excellent souvenir, chaud et fleuri, comme le parfum de penny. Lorsqu'elle sortit de chez elle, elle partit se promener dans Hyde Park. Il était onze heures du matin, si elle marchait d'un bon pas, elle atteindrait Buckingham dans une heure.

Ses pas la menaient paisiblement, elle se mit à réfléchir en faisant rouler l'anneau dans sa main. Elle ne l'avait pas encore glissé à son doigt. Penelope avait eu une façon assez étonnante de lui signifier qu'elle devait partir... cette personne était belle, elle en était persuadée. mais pour se glisser sous son armure et découvrir sa vraie nature, il fallait certainement posséder une clé qu'elle n'avait pas.

C'est lorsqu'elle arriva devant Buckingham qu'elle se décida à enfiler l'anneau, en se demandant encore pourquoi un tel cadeau?


Fin