TABLE 1

La table était mauve guimauve ou papier toilette parfumé à la provençale si vous préférez. Alistair lui trouva un indéniable air de ressemblance avec Sophie Cunningham, ce qui le fit rire tout seul. Mais lorsque Miss Ichabod lui posa sa question, il répondit du tac au tac.

- Qui suis Miss Ichabod? La fonction ne terrasse pas l'homme. Je suis fraîchement divorcé et au moins avec vous, je suis sûr que les gens ne se feront pas de fausses idées sur l'éventualité d'un nous.
Vous avez quelqu'un dans votre vie, tout le monde le sait.

"Sauf que personne ne le connaît vraiment et que ça me va très bien comme ça", pensa-t-il.

Le serveur arriva avec leurs consommations. Il les déposa sur la table et repartit dans la plus grande discrétion. Alistair prit alors son verre et porta un toast.

- A Icarius Pradin qui doit se morfondre de ne pas pouvoir profiter de cette soirée avec sa chère et tendre.

" Et qui me permet de fait d'en passer une bonne" Il trinqua et porta le verre à ses lèvres. Un excellent Bourbon-Pur-Feu... Le liquide lui laissa la gorge brûlante après son passage.

- Voyons un peu qui est à notre table... Artemus Goldstein et Sophie Cunningham. Hé bien au moins, nous sommes sûrs de bien rigoler.

Devant la réponse directe du Ministre, Oolong soupira intérieurement devant sa maladresse. Les paroles qu'il lui disait, ne venait-elle pas de les penser à l'instant? Comme quoi, elle avait toujours du mal à se faire comprendre, par qui que ce soit. Elle la première, d'ailleurs. L'évocation du divorce d'Alistair la glaça quelque peu, mais elle fut vite... soulagée? -en quelque sorte oui-, à l'entente de la suite: "... avec vous, je suis sûr que les gens ne se feront pas de fausses idées sur l'éventualité d'un nous." La suite, par contre, lui déplut quelque peu. "Vous avez quelqu'un dans votre vie, tout le monde le sait."

Oui, bien sûr. Icarius. En attendant, il n'était pas là ce soir, il n'était plus là depuis plusieurs jours, d'ailleurs... Depuis deux semaines. Il disait que, soudainement, il avait reçu près d'une dizaine de dossiers, et donc, qu'il était surchargé de travail. Oui, à la vue de ses yeux cernés, de ses cheveux en bataille, de son dos voûté, la jeune attrapeuse avait accepté l'idée de le laisser à son travail, mais... elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver une mince rancoeur, au fond d'elle-même. Tout de même, la St-Valentin...

Mais pire que ça, c'était le fait que leur liaison soit connue, qui l'embarassait. Elle détestait que l'on en sache trop sur elle, sur son passé, sur celui qu'elle aimait. Et là, visiblement, c'était loupé. On critiquerait certainement la différence d'âge du couple. Enfin... Là, ce n'était que suppositions: on ne savait pas quel âge avait réellement Oolong, mais on lui donnait, tout au plus, vingt-cinq ans. Même les suppositions journalistiques étaient agaçantes...

Elle ne répondit donc rien à son cavalier, ayant pour prétexte l'arrivée de leurs consomations. Prenant son cocktail, elle ne put s'empêcher d'être surprise, à l'entente du toast que portait le Ministre. Jouant le jeu, elle leva son verre, un mince sourire indéchiffrable aux lèvres, murmurant doucement:

"Il le mérite bien, après tout, non? Vu tout le travail qu'il a, ces derniers temps..."

Elle but une gorgée, sans quitter Alistair des yeux. La remarque sur Goldstein et Cunningham la fit bien rire. Non qu'elle soit du genre à se moquer de l'extravageance d'autrui, mais... elle ne pouvait nier la pertinence de la remarque du Ministre.

"Ce ne pouvait être que la table attitré de Sophia, je vous l'accorde..."ajouta-t-elle, amusée, jettant un bref coup d'oeil à la table.

Du mauve, du violet, du rose, du blanc... On se serait cru dans des toilettes moldus. C'était la première chose à laquelle elle avait pensé, en voyant ça. Un nouveau rire -ironique?- franchit ses lèvres, détendant ses traits, ne la rendant que plus belle aux yeux de l'observateur... Pauvre Icarius...

"Certes, certes. Il a beaucoup de travail. Mais laisser sa compagne seule en proie aux journalistes, ce n'est pas très élégant de la part d'un gentleman." Lui non plus n'ôta pas son regard de la belle. Il porta son verre à ses lèvres et se délecta autant de la boisson que de la vision qui s'offrait à ses yeux. Lorsqu'il pensa au malheur qu'elle avait vécu quelques jours auparavant, il en fut profondément blessé.

- Nos voisins de table se font attendre. Voulez-vous aller voir le patio spécialement décoré pour l'occasion ou souhaitez-vous rester ici?

Les gens affluaient de plus en plus dans l'immense salle à manger et chacun prenait place à sa table. Se lever maintenant ne serait pas très bon pour la discrétion. Mais était-il là pour être discret? Sûrement pas. Mais bon, ils auraient toute la soirée pour se faire voir.

A ce moment là, un sorcier d'un certain âge bouscula Alistair sur sa chaise. Celui-ci d'une immense mansuétude, mit la main sur le bras du sorcier pour lui signifier que ce n'était rien.

- Touche-moi pas, tu me salis.

- Hé bien casse-toi, casse-toi pauvre troll.

Yeux effarés. Incrédulité. Mépris. Dégoût. Ceux qui avaient entendu étaient outrés. Et il y avait de quoi. Une telle nervosité, un tel écart de langage et une telle violence dans la bouche du Ministre de la Magie, ce n'était pas rien.
Aux yeux de beaucoup de commentateurs depuis quelques temps, l'homme dévalorisait la fonction. Et c'était vrai. On ne s'imagine pas les anciens Ministres agir de la sorte, perdre leurs nerfs et insulter leurs concitoyens.
Qu'allaient penser les plus jeunes de cet exemple qui leur était donné?

HJ: Toute ressemblance avec la vie HJ n'est absolument pas fortuite.

La cavalière du Ministre n'eut pas le temps de répondre à sa question. Tout se passa très vite. Trop, même. Un vieux sorcier qui bousculait Alistair, celui-ci qui l'excusait, l'autre qui l'insultait, et le Ministre qui rippostait avec toute l'élégance dont on peut être capable dans ces moments-là.

Oolong, comme beaucoup d'autres, en resta sans voix. Avait-elle bien entendu? Et si oui, que convenait-il de faire? Son tempérament lui dictait de s'en aller; elle avait toujours fui la nervosité. Mais d'un autre côté, cela faisait trop... trop commun, peut-être? La femme qui laisse son cavalier en plan, c'était un cliché trop revisité à son goût, si bien que c'en devenait grotesque.

"Allons voir le patio."

Seconde solution, prendre les choses en main, comme n'importe quelle dame un tantinet intelligente l'aurait fait, et tâcher de faire oublier l'événement. Si son cavalier serait tourné en riddicule par la presse, il devrait, normalement, ne pas en être de même pour elle. Egoïste? Non, réaliste. A quoi s'attendait-il, en injuriant un invité? A des louanges?

Saisissant la main d'Alistair, elle montrait bien là qu'il n'y avait pas lieu de discuter. Certes, elle avait parlé avec calme, de sa voix douce et tranquille, mais ses paroles étaient sêches. Un ordre? Non, pas vraiment... Un conseil, plutôt. Elle préférait passer la soirée chez elle, devant de vieux grimoires, qu'entourée de journalistes en furie. Aussi, fallait-il agir. Si le Ministre continuait à la vouloir comme cavalière, qu'il se tienne tranquille, point.

Arrivés au patio, elle se tourna face au Ministre. Elle était un peu plus petite que lui, mais compensait cette différence par un regard distant, d'une froideur transperçante; elle n'en était que plus belle encore. Lâchant sa main, elle regarda autour d'eux, s'assurant qu'il n'y avait pas trop de monde, avant de repporter son attention vers Alistair.

"Essayez d'éviter ce genre de propos pour le reste de la soirée; je ne tiens pas spécialement à avoir une horde de journalistes à mes trousses."

Si certains se plaisaient à afficher le statut de "star", Oolong, elle, n'en faisait pas partie. Elle n'aimait pas la presse, tout simplement, en qui elle ne pouvait voir autre chose que l'hypocrisie personnalisée. Se tournant pour apprécier le décor, elle laissa sa voix devenir plus douce, tout comme son regard.

"C'est très beau; les lumières donnent un bel effet..."murmura-t-elle, frissonnant légèrement.

Alistair suivit sans discuter. Ses pensées n'étaient emplies que de haine et d'insultes à l'égard de ce type qui était devenu une "affaire" à lui tout seul. Cela n'allait pas, n'allait pas du tout même...
Alors, il se laissa volontiers entraîner vers le lieu plus paisible qu'était le patio.

Il n'avait pas volé les récriminations d'Oolong alors il n'essaya même pas de se défendre sachant que ses nerfs l'avaient trahi une fois de plus. Cependant, de tout ce temps, il n'avait pas lâché sa main et il essaya de se faire pardonner de sa conduite. Il n'aimait pas se laisser dicter ses faits et gestes, quitte à se laisser emporter. Sa famille n'était pas d'une vieille aristocratie pour rien.

"C'est très beau; les lumières donnent un bel effet..."

A ces dernières paroles, il attendit un peu, la laissant profiter du spectacle. Puis, il leva sa main jusqu'à sa bouche et y déposa un baiser.

- Je suis votre serviteur madame.

Il était vrai que le décors vallait le coup d'oeil. Il rendit la liberté à sa main et reprit la parole.

- Toutes ces merveilles ne sont qu'un écrin mettant en valeur votre propre beauté qui seule allume les feux de la nature jalouse.

Les lumières étaient très belles, vraiment. Clignotantes par moment, et changeant de couleurs, elle ajoutaient au romantisme du patio. Elle esquissa un mince sourire amusé à cette pensée, avant de sentir Alistair lui prendre la main, et y déposer un baiser, éphémère, fugace, mais bel et bien présent, pourtant...

Levant un regard quelque peu surpris vers son cavalier, Oolong l'entendit s'auto-proclamé son serviteur. Sur le coup, elle ne répondit rien, prise de court. "Toutes ces merveilles ne sont qu'un écrin mettant en valeur votre propre beauté qui seule allume les feux de la nature jalouse." Elle détourna son regard, son mince sourire allant s'agrandissant, alors que ses joues se teintaient un peu de rose. Heureusement, avec toutes ces lumières, ça ne se remarquerait pas trop, pensa-t-elle avec soulagement.

"Et quel rôle m'offrirez-vous, dans ce cas?"murmura-t-elle en plongeant à nouveau son regard sombre dans le sien.

La jeune femme passa innocemment ses mains le long des bras du Ministre, avant de prendre doucement les siennes. Elle s'avança alors légèrement, lui parlant à l'oreille comme une confidente, secret que lui seul entendrait en cette soirée...

"C'est trop d'honneurs, vous savez?"

Il sentait le parfum; elle sourit, se laissant même aller à effleurer sa joue de la sienne, murmurant toujours à son oreille:

"Mais j'aime beaucoup..."

Jeu de séduction? Pas vraiment... Enfin... Elle lui laissait choisir. Après tout, le choix des cavaliers en matière de partenaires n'était jamais vraiment anodin, non?

L'ambiance se fit beaucoup plus intime maintenant. Le patio les accueillait seuls, et il était hors de question que cela change... Du moins était-ce là ce qu'il voulait. Pour le reste, il ne lui restait plus qu'à espérer que personne ne viendrait les interrompre.

- Quel rôle vous sierrait mieux que celui de Vénus dans sa coquille comme le célèbre tableau de Boticelli?
Les gestes de la belle demoiselle embrasèrent tous ses sens. ses mains chaudes dans les siennes, sa peau de velours contre sa joue et ses mots... Ils entraient de plein pied dans un jeu dangereux cousu de sens, de mots, de gestes et de talent. Ce genre de choses ne lui arrivait pas souvent. C'était plutôt plaisant.


-L'honneur, nous le partageons puisque vous me fîtes le plaisir d'accepter mon invitation. lui dit-il tout bas.

Il jeta un regard autour d'eux pendant que sa tête bouillonnait.

- Faisons quelques pas vers la fontaine des vers susurrés. J'ose croire que vous apprécierez encore plus.

La Vénus de Boticelli? Le mince sourire qui flottait sur ses lèvres s'élargit quelque peu, alors que ses doigts jouaient, sans qu'elle ne s'en rende compte, sur les mains d'Alistair comme sur les touches d'un piano. Si lui n'était pas habitué à ce petit jeu de séduction, elle, l'était. Non qu'elle s'y prête souvent, seulement, lorsqu'elle le voulait bien, elle le faisait avec classe et talent.

Il lui murmura que, l'honneur, ils le partageaient; elle lui avait en effet fait le plaisir d'accepter son invitation. Pensant au début qu'il allait lui parler d'une autre tragédie liée à sa mère, elle en avait été rassurée. Et pas moins heureuse, inutile de le nier. Icarius avait beaucoup de travail, certes, mais il aurait pu trouver une excuse pour l'accompagner après tout... Non?

"Faisons quelques pas vers la fontaine des vers susurrés. J'ose croire que vous apprécierez encore plus." Elle se recula légèrement, ses yeux sombres plongés dans les siens. Impossible de dire à quoi elle pouvait bien penser, à cet instant précis. C'était ça qu'elle aimait. Laisser les autres s'imaginer, au lieu de tout leur dévoiler. Un peu de mystères ne faisait pas de mal, après tout, non? Cela rendait les choses plus... intéressantes.

"Guidez-moi, je vous suivrai."dit-elle doucement, une lueur amusée dans le regard, son sourire ne s'en faisant que plus radieux.

Ils étaient seuls, étonnament. Les autres invités devaient s'occuper à entammer un dînner aux chandelles. Tant pis pour eux. Oolong trouvait leur échange bien plus intéressant qu'un pavé de veau. Mais bon, chacun son degré d'exigence, après tout.

Il y avait une bonne raison à ce qu'Alistair ne connaisse plus grand choses aux jeux de séduction. La seule fois de sa vie qu'il s'y était adonné lui avait coûté un mariage et trois fils. Par la suite, la hauteur de ses fonctions écrasait la nécessité de ces enfantillages pour céder la place à la facilité du sexe et relations d'une nuit. Il n'avait jamais boudé cette facilité des contacts.

Ce soir il se rappelait au bon souvenir des jeux, de l'anxiété, des bon mots et autres réjouissance avant jouissance. Il y redécouvrait même un certain plaisir. Gladys était bien loin de ses préoccupations.

Le chemin jusqu'à la fontaine fut très court, juste le temps pour lui de rendre à la main d'Oolong ses subtiles caresses. Il la fit s'asseoir, dos tourné à la fontaine sur son rebord.

- Pour que le charme agisse, il faut jeter une pièce dans l'eau, le dos tourné et demander quelques vers à l'eau magique... Comme ceci...

Il Se plia au rituel jusqu'à ce qu'un doux murmure ondin n'atteigne leurs oreilles à tous deux. La voix n'avait rien d'humain. Elle provenait d'un débit particulier de la fontaine.
Vous connaissez que j'ai pour mie
Une Andalouse à l'oeil lutin,
Et sur mon coeur, tout endormie,
Je la berce jusqu'au matin.

Voyez-la, quand son bras m'enlace,
Comme le col d'un cygne blanc,
S'enivrer, oublieuse et lasse,
De quelque rêve nonchalant.

Gais chérubins ! veillez sur elle.
Planez, oiseaux, sur notre nid ;
Dorez du reflet de votre aile
Son doux sommeil, que Dieu bénit !

Car toute chose nous convie
D'oublier tout, fors notre amour :
Nos plaisirs, d'oublier la vie ;
Nos rideaux, d'oublier le jour.

Pose ton souffle sur ma bouche,
Que ton âme y vienne passer !
Oh ! restons ainsi dans ma couche,
Jusqu'à l'heure de trépasser !

Restons ! L'étoile vagabonde
Dont les sages ont peur de loin
Peut-être, en emportant le monde,
Nous laissera dans notre coin.

Oh ! viens ! dans mon âme froissée
Qui saigne encor d'un mal bien grand,
Viens verser ta blanche pensée,
Comme un ruisseau dans un torrent !

Car sais-tu, seulement pour vivre,
Combien il m'a fallu pleurer ?
De cet ennui qui désenivre
Combien en mon coeur dévorer ?

Donne-moi, ma belle maîtresse,
Un beau baiser, car je te veux
Raconter ma longue détresse,
En caressant tes beaux cheveux.

Or voyez qui je suis, ma mie,
Car je vous pardonne pourtant
De vous être hier endormie
Sur mes lèvres, en m'écoutant.

Pour ce, madame la marquise,
Dès qu'à la ville il fera noir,
De par le roi sera requise
De venir en notre manoir ;

Et sur mon coeur, tout endormie,
La bercerai jusqu'au matin,
Car on connaît que j'ai pour mie
Une Andalouse à l'oeil lutin.


Alfred de Musset il connaissait. Après tout n'était-il pas aussi célèbre que son auguste ancêtre? Mais elle comment l'avait-elle vécu ce poème?

Durant toute la douce récitation, Alistair n'avait eu de cesse que de garder la main de la jeune femme comme un trésor. A présent, il repoussa une mèche noire qui lui cachait le visage pour déceler un quelconque avis.

HJ: Auteur:Alfred de MUSSET

C'était plutôt rare de la voir murée dans le silence. De l'intérieur filtrait les relents d'une douce musique cubaine qui se mit à bercer leur interlude muette. Un peu gêné par cette attitude, Alistair hésita sur l'attitude à adopter à ce moment précis.

Il la laissa serrer sa main, puis, avec son bras gauche, il fit descendre sa tête sur son épaule, puis, il déposa un baiser sur son front en reprenant un des quatrains du poème de Musset.

- Donne-moi, ma belle maîtresse,
Un beau baiser, car je te veux
Raconter ma longue détresse,
En caressant tes beaux cheveux.

Si un jour on lui avait dit qu'il déclamerait des vers à l'oreille d'une dame, il ne l'aurait cru. Mais là, il n'avait qu'à se laisser porter par tout le reste, musique, ambiance, Saint-Valentin, calme et volupté.

- Vous ne parlez donc pas?

Il crevait d'envie de capturer ses lèvres pour un baiser sans fin, voire plus. Mais l'attitude d'Oolong le déconcertait quelque peu.

Laissant le bras d'Alistair l'entourer, elle déposa sa tête sur son épaule, avant que ce dernier ne lui embrasse le front. Elle se laissa bercer par le quatrain qu'il reprenait, rythmé par une douce musique cubaine qui se laissait transporter jusqu'à eux. Elle avait une certaine peine à réaliser ce qu'il se passait, l'esprit embrumé par les vers que lui déclamait son cavalier. "Vous ne parlez donc pas?" Elle ouvrit les yeux, comme sortant d'un rêve, un mince sourire aussi déconcertant que son silence s'affichant doucement sur ses lèvres.

"Le silence est parfois bien plus significatif que des mots..."murmura-t-elle en guise de réponse.

Elle s'était redressée, pour lui dire cela. Quelques mots chuchotés à l'oreille alors que son corps frôlait le sien, l'air de rien.

"A vous d'en choisir le sens..."ajouta-t-elle, son regard figé dans le sien, une lueur amusée s'y embrasant.

Elle était impatiente de voir quelle serait sa réponse, bien que ne laissant rien paraître, si ce n'était ce mince sourire indéchiffrable. Que choisirait-il? De nouveaux vers déclamés ou... le silence de l'envie qui bouillonnait en lui?

Le choix était évident, rapide. Mais malgré tout, il ne pouvait s'y abandonner aussi facilement. C'eut été trop facile...

- Le sens que je lui accollerai ne serait que le reflet de mes propres envies et n'abondera pas dans l'attitude de Pradin de vous abandonner pour cette soirée, fut-ce avec le Ministre.
Pour ce sens précis et la furieuse envie que j'ai de vous embrasser, je ne suis pas souverain dans votre coeur, et encore moins dans vos envies. Alors, mettez-moi sur la voie...

Tout en disant cela, il se pencha vers sa bouche. Il la trouvait étrangement timide, mais bien plus que cela, invitante. Il se demandait ce que ça ferait de s'y retrouver accroché, suspendu à ses désirs, attendant qu'elle se lasse de ces préliminaires.

Alors son bras gauche se laissa glisser lentement vers le bas de son dos, et de son autre bras, il finit de l'enlacer.

Entendons nous bien il aurait pu lui prendre violemment la bouche pour un baiser passionné, un de ceux dégoulinants de bave qu'on voit au cinéma. Mais vu le romantisme ambiant, il avait trouvé cela déplacé. Et puis, qu'elle aurait été sa réaction? Elle l'aurait sans doute trouvé plus rustre que passionné.

La tirade à laquelle elle eut droit fut riche de sens. Avait-il une dent contre Icarius, pour en parler de la sorte? Elle aurait presque eut pitié mais, sa rancoeur contre ce dernier étant encore bien trop présente dans son coeur, se contenta d'un mince sourire, bref, éphémère, mais entendu. Ainsi, elle devait le mettre sur la voie... Merlin, les hommes ne pouvaient-ils jamais prendre réellement les devants? Soit.

Il s'approcha dangereusement d'elle, l'enlaçant doucement. Passan une main dans son dos, l'autre sur son bras, elle effleura ses lèvres des siennes, avant de les joindre, doucement d'abord, puis plus passionément. Merlin, si Icarius savait!... Alistair serait tué sur le champs. Il ne suffisait pas de tomber amoureux d'Oolong comme de n'importe quelle femme; c'eut été trop simple. On l'aimait, sans espoir de retour en arrière, quitte à perdre toute raison pour ses yeux sombres, quitte à mourir en s'y noyant, sans un cri...

Elle s'arrêta un instant, gardant son visage près de celui du Ministre néanmoins, cherchant une quelconque réponse dans son regard...

Et pour toute réponse, il prit le visage d'Oolong entre ses mains et le caressa pendant de longues secondes. Puis, il continua à faire connaissance avec les lèvres de sa jeune compagne. Chaque nouvele tentative se voulait plus audacieuse que l'autre. Il se aissait bercer par ses lèvres, puis bientôt par sa bouche entière à mesure que leur baiser se fit plus passionné.

Pradin n'était qu'un idiot et il avait bien fait de refuser de sortir. Quand le Gobelin s'en va, le nifleur prend sa place.
C'était très dur de se retenir pour ne pas explorer les autres terres inconnues et promesses que pouvait réserver Oolong. Pourtant...

- Merci.

Il avait toutes les raisons du monde pour la remercier.

- Je suis désolé de retomber dans le terre à terre tout de suite, mais une question se pose: et maintenant jolie princesse?

La fête battait son plein lorsque trois hommes apparurent dans la salle
à manger. La musique avait couvert le bruit de leur arrivée, teintée de
sang et d'horreur. A l'extérieur, trois aurors avaient été tués
lorsqu'ils détectèrent en eux des ondes maléfiques. Les cris des
pauvres malheureux se perdirent dans l'esprit de félicité qui baignait
les lieux.

Les gens ne s'aperçurent de leur présence que
lorsqu'ils lancèrent des sorts d'avertissement et de sommation en
pointant leur baguette au plafond. Ils inondèrent ainsi la pièce d'une
lumière blanche aveuglante qui obligea l'ensmble des invités à se
tourner vers eux.

A l'extérieur, le Ministre était protégé
sans même le savoir. Après l'esclandre qu'il avait provoqué par son
comportement d'adolescent attardé, sa fuite dans le patio était passée
inaperçue.

Les intrus portaient de longues capes noires et des
masques qui n'étaient pas sans raviver les douleurs et les fantômes du
passé.

- La fête est terminée. lança l'un d'eux à la cantonade.

De nouvelles forces se lèvent. Bientôt un vent nouveau soufflera sur notre communauté, celui d'une nouvelle ère...


hj: Les méchants prendront le relai... Ceci était un post d'annonce.