Un vieux souvenir... #Mamie!#

L'air se déchira soudain en un craquement, bref et sec. Vêtu d'un long gilet et d'un veston noirs, d'une chemise ivoire, un ruban foncé autour du cou, d'un pantalon sombre se terminant par deux bottes de cuir, Dresde Hesse se tenait là, droit comme un i, un sourire amusé aux lèvres. Cela faisait des années, qu'il n'était pas revenu à Ste Mangouste. Il avait dû passé quelques tests, histoire de vérifié si sa santé mentale était si désastreuse que ça, mais c'était il y a de çà des années. Qu'est-ce qu'il avait ri, ce jour-là!

Un guérisseur, passant par là, s'arrêta, lui demandant ce qu'il avait. Le sourire de l'Allemand s'élargit légèrement et, poliement, il lui rétorqua qu'il n'avait rien, qu'il cherchait simplement Madame De Luxley. Pourquoi? Cela ne regardait que lui. Le garçon, bien que semblant méfiant au possible, acquiessa cependant, et lui demanda d'attendre. Il ne faisait que ça, voyons! Enfin... On lui assurait que celle qu'il souhaitait voir, se montrerait bientôt. Bien.

S'occupant tranquillement à regarder divers tableaux du rez-de-chaussée, Dresde déambulait au hasard, son oeil fou et insondable parcourant quelques détails, véritable expert de beauté. Il se souvenait avoir fait exactement la même chose, à la naissance de sa fille. Il était si nerveux, à l'époque! Mais ça remontait à tellement longtemps... c'était loin, bien loin, maintenant...

La dernière fois qu'elle l'avait vous il lui avait confié toute sa déception à son égard, chose qu'elle avait fort mal prise, mais, intérieurement seulement. Elle avait préféré le laisser sur une speudo victoire plutôt que de lui asséner ses quatre vérités en face. Lesquelles? Pour l'instant, elle les gardait pour elle. Il viendrait sûrement un temps où elle aurait le loisir de les lui déclamer.

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Pour l'instant, j'étais occupée à tester un nouveau traitement sur Lockhart, nouvelle mascotte en titre de notre étage depuis que le Professeur Trelawney était guérie. A présent l'homme se sentait seul sans la présence du Professeur de divination à ses côtés.

- Quand revient ma plus grande admiratrice, poupée? me lança-t-il avec un de ses sourires à trois mornilles.

- Lockhart vous savez que je suis de mauvaise humeur aujourd'hui?

Il secoua la tête de haut en bas pour montrer qu'il savait.

- Et que se passe-t-il quand vous m'embêtez dans ses moments là?

- Vous envoyez le costaud barbu pour me soigner... dit-il en baissant le regard de peur.

- Alors taisez-vous. Ou en plus du gros barbu je vous lance un sort.

- Vous n'avez pas le droit, je le sais ça. Mais... vous ne voulez pas plutôt un autographe pour qu'on fasse la paix? Il paraît que ça se vend cher sous le manteau.

Un regard des plus exaspérés passa dans mes yeux, et c'est à ce moment précis que Pete fit son apparition. Heureusement sinon j'aurais enfreint le règlement.


- Patron, on vous demande à l'accueil.

- Qui est-ce?

- Un homme bizarre.

- Est-ce important?

- Sais pas. Il n'avait pas l'air mal en point...

- Je descendrai quand j'aurais fini avec ce vilain patient.

- Vous voulez que je lui envoie Brutus?

- Noooooooooooooooooooooooooon ! Je dirai plus rien, je serai sage.

- Très bien, alors finissons-en.

Cinq minutes plus tard, je fis mon apparition dans le hall. Je me demandais bien qui pouvait bien m'attendre à cette heure-ci jusqu'à ce que mon regard ne tombe sur "l'homme bizarre". Pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt? Evidemment que ça ne pouvait être que lui... Pauvre Pete, s'il savait...

- Bonjour Monsieur Hesse. Que puis-je pour vous?

Quoi?

Comme ça?

ça l'a pris d'un coup?

Amis du romantisme bonjour!

Je ne peux dire comment je reçus cette demande tant je n'y étais pas préparée. Certes, je fus sérieusement décontenancée, surprise, désharçonnée... Bon si je dois le dire, j'étais même furieuse après cet homme.
La demande était flatteuse, l'homme était assez charmant d'apparence. Mais pour le reste...

Comment avait-il pu oser faire ça ici et de la sorte? A présent la moitié des personnes présentes attendaient une réponse de ma part. Et franchement, ils n'allaient pas être déçus. Mais pour qui se prenait-il?

- Votre bonté vous pouvez vous la mettre dans le chaudron. Et comme j'estime que je n'aie nullement à me rattraper vis à vis de vous, si vous tenez vraiment à ce que je vous accompagne à ce bal, vous devriez songer à plonger de plein pied dans le romantisme. Sur ce, le spectacle est terminé, dis-je à tous les badauds. Je retourne travailler.

Sur ce, je pris la rose, la fis tourner entre mes doigts, la sentis, et la pris avec moi vers l'ascenseur. La balle était dans son camp à présent. A lui de savoir ce qu'il voulait.

Ding!

L'ascenseur s'ouvrit et je disparus au quatrièeme à son bord.

Pour qui se prenait-il? Merlin, mais pour personne! Avait-on besoin de se prendre pour qui que ce soit, lorsqu'on était le dernier descendant de la famille Hesse? Certes, en Angleterre, ce nom ne voulait rien dire. Seuls quelques uns savaient ce qu'il signifiait, mais en Allemagne! En Allemagne, c'était le fleuron de la distinction, une famille reconnue dans tout le pays, pour avoir compté en son sein des gens tous plus brillants les uns que les autres... tout comme les pires tragédies. Enfin... il n'allait pas lui en vouloir pour ça, après tout.

Après quelques charmantes remarques de la part de la médicomage, Dresde appris que, pour la voir à son bras lors du fameux bal, il lui faudrait... quelle était la formule déjà? Ah oui! "Plonger de plein pied dans le romantisme". Elle avait pris la rose, néanmoins. Elle l'avait prise avec elle, appréciait la douce flagrance, sucrée et pétillante de la plante, avant de disparaître dans un ascenseur.

L'Allemand ne prononça aucun mot, à la grande déception des passants. Il se contenta de marcher d'un pas calme vers le dit ascenseur, attendant que les portes s'ouvrent... Alors que De Luxley disparaissait, Dresde avait pu voir qu'elle s'était arrêté au quatrième étage. Ce fut là qu'il sortit, lui aussi.

Trouver la directrice de l'établissement, ne fut, en soi, pas une grande difficulté pour le sorcier. D'une démarche assurée, il la rejoignit en quelques pas, un vague sourire aux lèvres.

« Une rose ne vous suffisait-elle donc pas? Vous faut-il un bouquet, pour sentir en moi un romantique qui se renie?... »

Son sourire s'élargit légèrement alors que, d'un geste vif, il faisait apparaître quelques roses, au parfum piquant.

« Vous n'allez quand même pas m'obligez à mettre un genou à terre et à vous clamer une poésie de seconde zone, non? Depuis quelques années, l'arthrose a trouvé logement confortable en mes rotules... »

Il la regarda, une moue enfantine sur le visage, style chien battu, attendant sa sentence avec tout le drame qui s'imposait. Elle n'allait pas lui faire ça tout de même, non? Il fallait vraiment être sans coeur ...

Elle lui dit d'attendre quelques secondes, ce qu'il fit. Puis ce fut avec une fioline au liquide violet en main qu'elle revint, lui expliquant que, contre des rotules enlisées par la vieilesse dans une arthrose grinçante, c'était pas mal. "Vos vieilles rotules". D'accord, il n'avait plus vingt ans depuis un certain temps déjà, mais tout de même!

« Ai-je donc l'air si vieux que ça? »rétorqua-t-il, d'un air faussement offensé.

Non, pour le mettre en colère, il fallait plus que ça. Quoi que... Par le passé, il s'était énervé pour bien peu, par moment. Une tendance qui lui avait vite passé, en voyant que le pire n'était pas derrière lui, comme il se l'imaginait...

La rose ne suffisait pas, lui dit-elle. Il n'allait quand même pas dévaliser les fleuristes du coin pour un foutu bal, non? Et puis quoi? Sa froideur? Quelle froideur? Qu'allait-elle donc chercher, là, hein? Il n'était pas froid voyons! Si? Bon. Peut-être un peu distant, certes, mais pas froid. Non, s'il s'était vraiment montré froid, elle n'aurait sans doute plus voulu lui adresser la parole.

De la sincérité. Du romantisme. Un poème. Un peu plus, elle lui aurait ri au nez. Mais voyant là que, comble du comble, elle était sérieuse, il accepta, et se laissa prêter au jeu.

« Il n'y a qu'une chose qui puisse rendre un rêve impossible, c'est la peur d'échouer.
Me laisserez-vous hurler,
Enfermé dans la peur de votre refus?
Serez-vous comme tous ces géoliers,
qui mon âme n'ont pas su mettre à nu?
Je ne vous demanderai que l'espoir,
De vous voir,
A mon bras accrochée,
Un soir et rien qu'un soir,
Qui vous semblerait durée une éternité... »

Il ne s'était jamais vraiment trouvé très doué, en poésie. Alors en improviser un sur place! Il voulait bien, mais il ne fallait pas s'attendre au summum du vers et de la rime, non plus!

« A défaut de m'avoir épargné le riddicule d'un romantisme déchu, merci de vous être montrée compréhensive envers mes pauvres articulations. »

Un mince sourire, amusé. Un haussement de sourcils, ensuite. Alors, ce bal? Souhaitait-elle y aller seule, ou au bras d'un homme dont, si l'on connaissait quelques aspects peu reluisants de sa personnalité, admirait le génie...?

Hj: Paroles en italique=citation de l'Alchimiste

Oui, effectivement, la poésie n'était pas la meilleure corde qu'il avait à son arc. Mais l'effort était à encourager, apparemment, il tenait à me voir l'accompagner à ce maudit bal.

- Soit, j'accepte.

La perspective de cette soirée n'avait rien d'enchanteur. Mais il vallait mieux y aller avec lui qu'avec Pete ou n'importe quel sorcier. Lui au moins agacerait sans doute le sieur Caron et amuserait certainement M. Cunningham.
Donc, au final, j'y gagnerai sans doute plus que je ne l'avais pensé.

- Passez me prendre chez moi vers sept heures et demi. J'habite aux abords d'Hyde Park, à l'angle de Queenborough et Bayswater Road.

Je m'avançai vers lui sans arborer d'air particulier et lui glissa quelques mots à l'oreille.

- Et tâchez donc d'arranger un peu votre chevelure pour l'occasion.

Une pirouette et je déposai un léger baiser sur sa joue avant de repartir au travail.

- Je suis désolée mais des patients m'attendent... A jeudi alors.