Piccadily Circus... Pourquoi? [PV]

Calum était assis sur le rebord de la célèbre fontaine de Piccadily. Les touristes se bousculaient dans une joyeuse cohue, l'atmosphère était détendue. Quelques français se faisaient prendre en groupe en ayant pris soin de se placer à un endroit où derrière eux se verraient les panneaux lumineux publicitaires devant lesquels tout le monde s'extasiait.
Devant chez LillyWhite's, un punk semblait jaillir d'un autre monde, un peu comme si Calum était venu vêtu d'une de ses robes de sorciers.

Le jeune libraire se triturait les mains, la tête baissée, l'humeur maussade. A bien y réfléchir, lui aussi, dans son attitude, dénotait dans ce tableau festif. Il restait immobile, hagard, sembalnt attendre une sentence de condamné.

Tant de choses venaient de se produire dans sa vie depuis peu! Jamais il n'aurait pu imaginer ce qui lui tomberait sur le coin de la figure un mois auparavant.

S'il avait donné rendez-vous à Alexander ici, ce n'était pas par plaisir, mais parce qu'il sentait qu'il aurait besoin de soutien. Une petite ruelle plus haut, il avait rencontré un sorcier assez étrange, celui qui lui avait révélé toute l'histoire. Celui par qui sa vie paraissait s'éfilocher.

Alexander, sur le perron de sa maison de Kneazle, leva le bras et quelques secondes plus tard était apparut, semblant sortir de nulle part, un bus à impérial. Mais celui-ci n'était pas rouge comme on pouvait avoir l'habitude d'en voir circuler dans les rues de Londres. Non, celui-là était violet. Alexander y monta, cédant quelques pièces à un contrôleur fort aimable, et s'assit sur une banquette placé juste à côté des lits et non loin du grand lustre central.

Le bus branla et Alexander vit, du coin de l'oeil, le paysage défiler devant les fenêtres de l'autobus. Il sortit la Gazette et commença à la lire.
Le voyage dura quelques minutes, le bus stoppant régulièrement afin de faire descendre ou monter les sorciers. Alexander rangea son journal, se leva et se dirigea vers la porte du bus. Il ne lui fallut attendre que quelques secondes avant que le bus ne s'arrête à nouveau devant une ruelle obscure. Le vieil homme sortit du bus et arpenta la ruelle.

Il fallait, bien entendu, que le bus reste invisible des moldus, même lors de ses arrêts. c'est pourquoi le chauffeur, qui répondait sous le nom de Erny, préférait laissé ses clients devant des ruelles peu fréquentées non loin du point où ils voulait aller. Ainsi, la ruelle dans laquelle s'était engouffrait Alexander finissait sur la place où Calum lui avait donné rendez-vous.
Il ne fallut que quelques minutes au Ministre des Juex et Sports Magiques pour trouver son jeune ami dans la foule qui inondait Piccadily Circus ce jour-là. Calum, les yeux rivés vers les pavés de la place, semblait chafouin. Alexander s'avança, son ombre englobant peu à peu le corps du libraire. Il jeta une pièce et dit :
"Est-ce que vous croyez que les Portree Prides gagneront cette année ?"

"Est-ce que vous croyez que les Portree Prides gagneront cette année ?"

Le jeune homme leva la tête soulagé de voir Alexander arriver. Il se redressa et esquissa un sourire.

- Tant que les Kenmare Kestrels joueront dans la ligue, je dirai... sûrement pas. Mais je ne suis pas un grand connaisseur en terme de Quidditch.

Le jeune homme se leva et serra la main du vieux sage. Calum avait beaucoup de tendresse pour cet homme qu'il connaissait assez peu finalement.

- Merci d'être venu. Je ne savais pas vers qui me tourner et vous êtes la seule personne en qui j'ai réellement confiance malgré votre proximité avec mon père. Puis-je vous inviter à boire quelque chose?
Je suis désolé de vous avoir fait venir dans un lieu moldu, mais je n'avais pas envie que des oreilles mal intentionnées écoutent notre conversation au Chaudron Baveur.

En face d'eux, de l'autre côté de la place et sous les fameux panneaux lumineux se trouvaient un fast-food moldu hyper fréquenté, B-K pour ne pas le nommer. Calum entreprit de traverser la place. La circulation était dense à cette heure-ci. Ils mettraient probablement dix minutes à traverser sans se faire écraser.

La remarque de Calum sur le peu de chance pour les Portree Prides de remporter la Coupe de Grande Bretagne égratigna quelque peu le coeur du vieil homme. Mais après tout, un président de club qui faisait un voeu dans une fontaine pour faire gagner son équipe ne devait probablement pas avoir de grand espoir.

Calum se leva et emmena Alexander vers une échoppe qui bordait la place. Le fait que le libraire choisisse un lieu public moldu exprès pour éviter les oreilles curieuse du monde sorcier inquiéta et intrigua quelque peu le ministre des jeux et sports magiques.

"Je vous suis." prit-il le temps de dire si en fait il n'en avait pas vraiment le choix vu la détermination de son compère.

Les deux hommes entrèrent dans l'échoppe en question et Alexander sembla tout à coup perdu dans un autre monde. Un comptoir, une file d'attente interminable, des petites tables si rapprochées les unes des autres qu'il était difficile d'avir un peu d'intimité dans un endroit pareil. Mais que pouvaient-ils bien faire dans cette galère ?
Calum s'avança vers le comptoir et Alexander le suivit comme un enfant perdu et appeuré.

Calum s'approcha de la banque et fit la queue. Dans sa main droite il faisait sauter les quelques pièces qui lui seraient nécessaires pour régler sa commande et laissait voir ainsi la nervosité qui l'animait. Alexander n'était pas à l'aise dans le fast-food, ce qui était compréhensible pour un homme de cette classe, de cet âge et sorcier qui plus est.

Lorsque ce fut son tour, une sorte de femme automate à l'oeil morne prit machinalement sa commande et elle disparut derrière pour tout prendre et tout disposer sur le plateau des deux hommes. L'air qu'elle déplaçait ne faisait qu'amplifier l'odeur de friture qui régnait dans la salle. Peut-être d'ailleurs elle aussi avait pris l'odeur de la friture...

- 3.40£ s'il vous plaît.

- Voilà.

- Merci, bonne journée. Madame bonjour...

La cliente suivante arrivait déjà pour entretenir l'abrutissement de la serveuse. calum chercha une table de livre. Il y en avait une à côté d'une fenêtre donnant sur la place.

Ce serait parfait. Il y déposa le plateau et laissa s'asseoir Alexander pendant qu'il alla chercher du sucre et des serviettes.

- Monsieur Cunningham, je suis désolé de faire appel à vous de la sorte mais... Je ne sais pas vers qui me tourner et vous êtes le seul homme digne de confiance que je connaisse.

Alexander, complètement déboussolé dans cet endroit, regardait d'un air mi-intrigué mi-dégouté tout ce qui l'entourait. Il suivit d'un pas absent le jeune libraire jusqu'au comptoir, le regard balayant toujours l'ensemble de la salle. Il y avait dans un coin une grosse femme qui engloutissait un aliment étrange, sorte de sandwich rond dont les ingédients dégueulaient des bords du pain. Dans un autre coin de la pièce se trouvait un couple de jeune gens, s'embrassant, sans se formaliser visiblement de la mayonaise qui coulait du bord de leurs lèvres. Et cette odeur de friture, d'où pouvait-elle bien venir ? Il regarda le plafond, légèrement jauni par les effluves de graisse qui poissait l'air.
Soit Alexander avait quitté le monde moldu depuis trop longtemps soit Calum l'avait menait dans un des endroits les plus malfamés que le monde puisse porter.
Le vieux marin s'était déjà sentit moins perdu en plein milieu de l'océan que dans cet étrange établissement.

Quelques secondes plus tard, le jeune libraire se retourna vers lui et lui tendit un gobelet de carton. Le vieux ministre jetant un regard curieux à cette tasse, Calum lui indiqua qu'il s'agissait d'un thé et l'invita à s'assoir à une table. Pour la première fois depuis longtemps, Alexander eut tout à coup un grand respect pour les moldus. Si ces derniers avaient été capables d'inventer une machine produisant du thé aussi rapidement, ils avaient bien changé depuis l'époque de son départ de la Navy.
Il s'assit et retira l'opercule qui fermait le gobelet. Sentant l'arôme que dégageait le breuvage qui y était contenu, il compris rapidement la raison de cette extraordinaire rapidité et son respect redescendit d'autant.

Il posa la tasse et regarda Calum. Il se trouva flatter par les dires du jeune homme, qu'il s'avait d'autant plus honnête.
Il demanda alors, d'une voix réellement compatissante et intriguée :
"Mais qu'y a-t-il ?"

Calum leva un sourcil de son soda et fixa son regard sur Alexander. Ca lui faisait plaisir de se sentir pris au sérieux. Alors, il plongea sa main à l'intérieur de son blouson en cuir et en sortit un morceau de papier froissé et plié, et un stylo bille moldu.

Sans souffler mot, il poussa le plateau sur le bord de la table, regarda autour de lui, et posa le papier sur la table. Il déplia la feuille, prit le stylo entre ses doigts, et se décida enfin à parler.

- Et maintenant regardez.

Il ferma les yeux, posa son poignet sur la feuille, et sa main partit dans une danse frénétique. Le papier fut orné d'une écriture ronde et délicate. Calum ne trichait pas, ses yeux ne voyaient pas, rien n'était prémédité. Sa main traçait les lettres, mais ce n'était pas lui qui écrivait. Un esprit s'emparait de sa main.
D'un effort qui parut surhumain, il parvint à arracher ses doigts du stylo qui tomba sur le carelage du fast-food.

- Lisez.

Le jeune homme fit glisser la feuille sur la table, jusqu'à Alaxander.

" ... De temps à autres lorsque mes pas me portent aux jardins du Luxembourg, le feu s'empare de mon visage. J'ai l'impression que tu vas ressurgir de derrière un bosquet, qu'il ne se sera pas passé une seconde depuis que nous nous serons qui tté ici, sur le lieu de notre rencontre. Pourquoi t'ai-je laissé partir avec ce vieux fou? Loin de Paris? ... "

- Monsieur Cunningham, si ma main a dirigé le stylo, ce n'est pas moi qui ai écrit. C'est Louise.

Alexander regarda Calum d'un oeil bienveillant, presque paternel.
Il n'aurait su dire pourquoi mais il l'appréciait réellement beaucoup. Peut être était-ce parce que ce jeune homme n'avait que quelques années de plus que son propre petit-fils ou bien que le vieil homme ne connaissait que trop la vie de Calum et l'amour que lui porte son père... Quoi qu'il en soit, son coeur semblait ne plus faire de différence entre le libraire et Aleck, son petit-fils.

Il regarda son interlocuteur sortir un morceau de parchemin et un de ces stylos qu'Alexander avait bien connu durant ses années de service mais qu'il n'avait pas réutilisé depuis qu'il était revenu à la vie sorcière.
C'est alors qu'il eut un sursaut d'effroi. La bille du stylo semblait glisser toute seule sur le papier. Le regard de Calum fixait toute autre chose que la feuille et Alexander se rendit rapidement compte qu'il n'était pour rien dans ce qui s'inscrivait peu à peu sur le parchemin.
Possédé... Ce petit était possédé... Une légère peur, ou un afflux de surprise, se lisait sur le visage du vieille homme. Même dans le monde sorcier, le fait d('être possédé n'avait rien de particulièrement glorieux, tout autant que parler Fourchelang ou être loup-garou.

C'est alors que Calum jeta le stylo et tenta une légère explication.
Bégayant légèrement, par manque de cette assurance qui le caractérisait tant, il demanda :
"Mais qui est Louise ?"

- Louise, c'est...

Il se ravisa. Il ne pouvait plus en parler comme ça.

- Louise était une femme que j'ai rencontré en France. A ma sortie de Poudlard, j'ai fait un grand tour d'Europe en quête d'odentité, de sens à ma vie. Mes pas m'ont porté en France, à Paris plus précisément.
Je l'ai rencontrée là-bas, au Jardin du Luxembourg précisément.

Ce qui allait suivre n'était pas le genre de chose dont il avait l'habitude de parler avec quelqu'un d'autre alors... Ce fut difficile de laisser sortir mots et émotions mélangés sans rougir.

- Nous avons vécu une courte passion. Intense, inarrêtable, fusionnelle.
Elle avait sa vie à Paris, et je sentais qu'il me fallait revenir à Londres. Alors, nous nous sommes quittés.
Je n'avais plus entendu reparler d'elle depuis lors.
Et puis...
Il y a un mois, dès que je veux écrire quelque chose ma main part en transe. Je n'ai aucun pouvoir sur elle. C'est louise qui me parle. Tenez, regardez, j'ai tout gardé.

Il sortit sa baguette de sa poche ainsi qu'un minuscule objet auqel on ne pouvait donner de nom. Après avoir regardé à gauche et à droite, Calum redonna à l'objet sa taille initiale.
Il s'agissait en fait d'un tas de feuilles attachées rudimentairement par une ficelle. Il y avait de tout: factures, parchemins de grande qualités, feuilles déjà écrites... bref aucune unité dans la présentation. Sur certaines, on pouvait distinguer deux écritures différentes, celle de Calum, et celle de la fameuse Louise.

- Dans ses mots j'ai appris qu'elle était morte. Et...

Alexander écouta soigneusement ce que lui révélait Calum, son incompréhension mêlée de suprise se lisant sur son visage. Il buvait les paroles du jeune homme.
C'est alors que Calum sortit de sa poche sa baguette et un minuscule objet. Le vieil homme prit son interlocuteur pour un fou d'exhiber aussi imprudemment sa baguette dans un lieu rempli de moldu et jetait déjà des regards dans tous les sens pour s'assurer que personne ne les regardait quand il vit Calum redonner à une liasse de papiers divers leur taille initiale. D'ordinaire, Alexander aurait surement trouver cette technique très astucieuse et aurait ajouté qu'il devrait y penser pour le transport de ses dossiers au Ministère mais il n'était guère dans cet état d'esprit à cet instant.

Il prit la liasse que lui tendait son interlocuteur et ami et commença à lire rapidement en diagonal les écrits. Il n'y avait aucune cohérence dans le choix du support mais ce qui y été inscrit était d'une extraordinaire organisation. Alexander pût ainsi retracer la vie de Calum durant le temps qu'il avait passé dans la capitale française. Mais au fil de sa lecture, plusieurs allusions retinrent l'attention du vieil homme, jusqu'à une phrase des plus explicites. Alexander n'en croyait pas ses yeux. S'arrêtant, il relut plusieurs fois le passage en question pour être certain de n'avoir pas mal compris. Mais non.

Ce qu'il venait de lire était encore plus incroyable que tout ce qu'il avait vu dans cette journée. Il releva la tête et plongea son regard dans celui de Calum. Ses lèvres se mouvèrent alors mais aucun son n'en sortit. Néanmoins, le mot qu'il avait voulu prononcer s'y lisait très aisément.

Alexander n'en revenait pas de l'aveu que Calum venait de lui faire.
*Depuis quand ?*
*Quel âge a-t-il ?*
*Comment s'appelle-t-il ?*
*Pourquoi que maintenant ?*
A peine le vieil homme avait-il le temps de se poser en lui-même une question que Calum y répondait, comme s'il connaissait à l'avance les interrogations du vieillard.
Néanmoins, il en resta une qui demeura sans réponse ; Calum en avait-il déjà averti son père ?
De toute évidence non. Dans le cas contraire, un vent de fureur aurait balayé le Ministère, et Alistair, même si sa cote de popularité baissait quelque peu ses derniers temps dans les sondages, n'aurait pas prit la peine d'organiser cette soirée de la St Valentin.

Calum avait prit la main d'Alexander dans la sienne et le vieil homme sentit à quel point son jeune ami était sincère. C'est alors qu'il sortit quelques photographies.
Il était de notoriété publique qu'Alexander était un bougre au coeur sec. Un article, lors de sa nomination au poste de Ministre, avait même exposé la manière si dure et critiquable avec laquelle il avait élevé sa fille et son petit-fils. Néanmoins, ce coeur fondit quelque peu devant la frimousse du petit qui se débattait sur les photos.
*Cela fera un beau sorcier.* eut-il envie de dire mais cela lui ressemblait si peu. Au lieu de ça, il releva une fois de plus la tête vers Calum et lui posa LA question :
"Et votre père ?"

- Non, dit-il en baissant la tête. Et je n'ai pas envie qu'il le sache. Même si je ne pourrais pas lui cacher la vérité bien longtemps. Et je ne sais pas du tout comment l'annoncer à ma mère non plus.
Vous vous rendez compte, je suis père et je ne sais même pas comment parler d emon fils à mes propres parents.

Dans son récit, Calum n'en était pas encore arrivé à la partie "problèmes".

- Mon père me prendra encore pour un écervelé doublé d'un inconscient né pour briser sa réputation.
Mais ce qu'il pense, je m'en fiche. dit-il le visage grave. Ma mère me préoccupe plus. Elle est si sensible...

Il était temps d'aborder la fameuse partie. C'était la plus douloureuse et celle dans laquelle Alexander était censé jouer un rôle important s'il donnait son accord.

- Mais cela n'est pas bien important.
Augustin a été placé dans ce que les moldus français appellent "un centre". Et je ne peux pas le récupérer comme ça. L'homme que j'ai contacté pour retrouver la trace d'Augustin me demande une somme d'argent folle pour intervenir auprès du notaire français. Et si je n'interviens pas dans les deux mois, Augustin sera officiellement déclaré orphelin. Louise n'avait pas de famille...

Comme Alexander s'en doutait, Calum n'en avait pas parlé à son père. D'aileurs Alexander ne pouvait lui en vouloir. Il ne connaissait que trop bien la façon dont Alistair accueillait ce qui était pour lui une mauvaise nouvelle. Alexander n'avait toujours pas, lui-même, et plus de 50 ans après sa disparition, pardonné à son propre père pour la façon dont il agissait avec lui durant son enfance. Mais peut être le jeune libraire en aurait-il au moins parlé à sa mère. Une fois encore, Calum répondit aux interrogations du vieil homme avant même qu'il ne les ait formulé.

Mais alors qu'Alexander allait entrer dans des considérations plus légères, Calum l'informa de la situation dans laquelle le mettaient la pesante administration française.
*Ah! Les français.* se dit-il.
"Deux mois... Hum..." répéta le vieillard, plongé dans ses pensées, ses doigts grattant sa courte barbe poivre et sel.

"Les français ne changeront jamais..." en amenant son gobelet dans lequel son thé refroidissait et se força à en boire quelques gorgée.
"Et combien ces fripons demandent-ils ?"

La respiration du jeune homme se fit haletante aux propos d'Alexander, et sa tête tournait de droite à gauche furetant. Pourvu que personne ne l'ait suivi!

- Mon contact me demande 800 gallions. Le tout pour me conduire chez le notaire à Paris, lui demander de me faire je ne sais quel test moldu pour prouver que je suis le père d'Augustin...
C'est de l'extorsion. Je n'ai pas cet argent.

Il était inutile de préciser à Alexander qu'il voulait faire les choses en toute légalité. Calum ne changerait pas d'avis sur ce point. La France avait ses lois comme n'importe quel pays souverain. Calum était peut-être le fils de son père, mais il n'en était pas moins honnête.
Et puis, pour commencer les choses du bon pied avec son fils, il se devait bien d'organiser une rencontre dans les règles.

- C'est pour ça que je ne pouvais en parler qu'à vous.
Je ne sais pas quoi faire. Contracter un prêt auprès de Gringott's, hypothéquer ma boutique...

Il faisait tourner son gobelet de soda dans ses mains et découvrait ainsi toute sa nervosité. Cette situation le mettait en colère. Avoir raté cinq année près de son fils, ne pas avoir pu aider sa mère, ne pas l'avoir pris dans ses bras lorsqu'elle est morte...
Il s'en voulait.

Alexander était soulagé, Calum venait de parler de Gallions. Le vieillard eut peur un instant que l'interlocuteur français n'ait demandé une somme en monnaie moldue. En effet, si Alexander s'en sortait très largement avec les livres sterling, ayant passé tout de même une longue partie de sa vie en communauté avec des moldus, il en était tout autrement avec les monnaies étrangères. Ceci était bon pour les gobelins de Gringotts mais pas pour lui. Alors maintenant que ces moldus avaient, en plus, changé leur monnaie... Et encore, pas tous... Quelle pagaille...

"800 Gallions..." marmonna-t-il dans sa barbe d'un air songeur. Le visage de calum montrait réellement le désarroi du jeune homme.
"Soit." annonça-t-il d'une voix forte, oubliant que les tables les plus proches n'étaient qu'à quelques centimètres. "Cet argent, je vous le prêterai."
Calum releva son visage vers celui du vieil homme. Alexander ne s'était que trop aperçu du côté trop honnête du jeune libraire et ajouta, avant que celui-ci n'ait eut le temps de prononcer quelque mot.
"C'est un prêt, vous me rembourserez plus tard." espérant ainsi couper court à tout refus.

Pourquoi cette aide miraculeuse. Par pure générosité et faiblesse de coeur envers un père désireux de connaître son fils, NON. Alexander ne l'admettait pas. Il préféra se convaincre que c'était là une douce revanche sur ces frippons de français qui avaient lachement abandonné la Grande Bretagne durant la Guerre Froide.

"Voilà comment je vois le déroulement de l'opération." Le vieil homme appuya ses deux coudes sur la tables et, tirant sa chaise, se rapprocha de Calum.
"Je dois aller à Paris pour retrouver mon homologue du Ministère des Sports et Jeux magiques français. J'en profiterai pour prendre une place pour vous dans le train. Arriver là-bas, mon objectif reste le ministère, il ne faut pas attirer l'attention sur nous. D'autant que les journalistes français, même sorciers, adorent courrir après les célébrités. Alors si vous ne voulez pas finir en boite, le dos au pilier, faîtes profil bas. Nous allons éviter le Ritz."
Il prit une gorgée de son infecte thé et continua.
"Je prendrai une suite au Crillon, Place de la Concorde. Non loin, il y a un petit hôtel où je vous réserverai chambre." Il sortit un petit carnet et commença à noter.
"Prenez contact avec votre interlocuteur français et je m'occupe du reste.
Je vais voir avec les autorités du Département des Immatriculations Sorcières françaises pour que les douanes ne nous demandent rien, ce qui permettra d'évacuer rapidement Augustin du pays."

Sur le coup, Calum ne sut que dire.

Hé bien oui, il fallait l'avouer, c'était l'une des rares fois de sa vie où quelqu'un souhaitait l'aider. Comment cet homme peut-il être un ami de père? La générosité d'Alexander lui sortit les larmes des yeux. Pour un peu le jeune homme se serait levé pour prendre Alexander dans ses bras, chose qu'il n'avait jamais faite pour son propre père.

- M...

Oui évidemment qu'il se sentit gêné par cette proposition. Ses poches étaient désespérément vide et rembourser une telle somme lui prendrait peut-être un temps infini, mais il prendrait soin de rembourser chaque noise et chaque mornille qui lui seraient prêtées.

C'était un homme d'honneur.

Mais ce n'était pas tout. La suite était grandiose... Alexander prenait la direction des opérations matérielles ce à que Calum n'aurait jamais osé imaginer.

Mentalement le jeune père prit quelques notes, histoire de ne pas repartir dans une transe. Un petit hôtel proche du Crillon. Inutile de préciser qu'il n'avait pas la moindre idée du type d'hôtel qu'était le Crillon. Attention... Contact....

- Monsieur Cunningham, vous êtes un Saint-Homme! Un véritable héritier de Merlin lui-même. Je ne sais pas quoi dire si ce n'est un simple merci!

"Un Saint-Homme.." ricana Alexander en haussant les épaules. "Comme vous y allez..."
Il prit son thé, qui avait grandement refroidi depuis la première gorgée qu'il en avait bu, et se força à finir le gobelet de carton. Après tout, on était britannique ou on ne l'était pas. Un thé, aussi excecrable soit-il, se devait de ne pas être laissé à moitié. Il l'avala donc d'une seule traite et reposa le gobelet sur la petite table. Petite table était d'aileurs un euphémisme. Quand le vieil homme jeta un regard sur celles alentours, il vit qu'un couple avait du mal à y faire tenir leurs 2 plateaux.
*Ah... Les moldus...*

Il jeta un regard à Calum qui rangeait la photo de son fils.
Comment en était-il arrivé là ? Il avait accepté l'invitation du libraire car il avait une mission à lui confier, une mission qui engageait la sécurité du monde sorcier londonien, et il s'était maintenant lui qui venait d'accepter une mission bien éloignée de celle qui l'avait fait venir ici. Comment en était-il arrivé là ?
Mais après tout, Calum avait l'air tellement heureux et tellement redevable que le vieil homme aurait très bien put profiter de l'occasion pour l'informer de la mission qu'il aurait voulu lui confier. Et le jeune libraire n'aurait eut d'autre choix que d'accepter, quitte, de la part d'Alexander, à exercer un chantage aussi cruel qu'horrible concernant la somme qu'il allait devoir verser pour le fils français du jeune homme. Mais quelque chose le retint et le poussa à me pas utiliser un tel procédé. Le coeur d'Alexander se serait-il mit soudainement à fondre quelque peu. NON, il ne l'acceptait pas et immédiatement il pensa à un nouveau moyen d'amener le sujet sur le tapis.
*Je lui en parlerai dans le train, sur le trajet du retour. Il aura son fils avec lui, il ne pourra pas croire que j'exerce un quelconque chantage et sera toutefois encore dans l'état second de la joie pour trop réfléchir à sa réponse.*
Néanmoins, un risque persistait dans ce plan, et Alexander le savait. Calum, une fois son fils entre ses bras, pourrait très bien tourner le dos au vieil homme, mais c'était un risque qu'Alexander décida de courir.

Il se leva et dit :
"Très bien, c'est entendu.
Envois-moi un hibou dès que tu auras pris contact avec les français..." le dernier mot fut arracher de sa bouche. "...et je t'en renverrai un quand j'aurai tout réglé pour notre départ."