Une folle, vous dîtes?

Un "crac" sonore se fit entendre dans le hall d'entrée de Ste Mangouste. Jusqu'ici, rien d'anormal. En effet, certains, à défaut de pouvoir entrer à l'hôpital par la vitrine, tranplanaient directement à l'intérieur. Généralement, c'était pour les cas plus 'graves' ou tout simplement que les blessures étaient trop étranges pour être vues par des moldus...

Dans le cas présent, c'était une jeune femme, qui venait d'apparaître de nullepart. Ses longs cheveux gris anthracite, emmêlés, lui arrivant au niveau des épaules, retombaient sur son visage, si bien qu'il était impossible de savoir de qui il s'agissait. Non, personne n'aurait pu deviné que cette inconnue était Oolong Ichabod, la célèbre attrapeuse de l'équipde d'Angleterre. Peu importait, d'ailleurs. L'heure n'était pas aux devinettes...

Ses jambes ne semblant plus assez fortes pour la soutenir, Oolong tomba à genoux, une main ensanglantée posée en appui sur le sol de l'hôpital où l'on voyait déjà apparaître une petite flaque de liquide rouge... Le souffle court, elle serrait les dents, ne pouvant s'empêcher de gémir de douleur, malgré tout. Il faut dire que sa blessure n'était pas des plus minimes. C'était même le contraire, justement. Un long bout de manche à balai était enfoncé entre ses côtes, laissant couler de larges filets de sang sur son flanc.

Elle tremblait. De la tête aux pieds. Un tremblement qu'elle n'arrivait pas à maîtriser, tout comme sa respiration, irrégulière et saccadée. La jeune femme leva un regard vitreux, voyant le décor tourner, comme sa tête en ce moment. Des silhouettes vêtues de blanc arrivaient en courant vers elle... Mais elle semblaient tellement loin! Si loin... Elle entendait qu'on criait. Quoi? Elle n'aurait su dire. C'était comme une langue étrangère, comme si elle avait tout oublié... Perdant finalement le peu d'équilibre qui lui restait encore, elle versa sur le côté, ne faisant ainsi qu'augmenter la douleur qui consummait déjà chaque parcelle de son corps.

La lumière l'éblouissait, elle aurait voulu fermer les yeux, se retrouver dans le noir complet... au calme. Non. Non, il ne fallait pas. Bien qu'elle ne l'aurait jamais avoué, Oolong avait peur qu'en fermant les yeux, elle ne sache plus les rouvrir, qu'elle ne soit plus apte à se réveiller... Elle serrait les poings, s'enfonçant les ongles dans la chair, jusqu'à y voir perler quelques goutelettes rougeoyantes.

#Reste éveillée, ne ferme pas les yeux surtout. Reste éveillée, reste...#

Ses mains, finalement ensanglantées, elles aussi, comme le reste, cherchaient un point de repère. Quelquechose ou quelqu'un auquel elle aurait pu se raccrocher. Pourquoi est-ce que cette lumière était de plus en plus vive, aussi? Elle n'arrivait plus à voir! Elle entendait des voix, des pas... on se rapprochait... ... Qu'est-ce qu'elle faisait là, déjà?

"Qu'est-ce que...? On est où? Eteignez... la lumière, éteignez..."

Sa voix, à mi-chemin entre le murmure et le gémissement se mua en un cri, alors qu'elle sentait une main se poser sur son épaule, pour l'empêcher de bouger. Elle aurait bien voulu, justement, bouger. Partir, n'importe où, mais partir. Seulement, elle n'y arrivait pas. N'ayant plus de forces, se fatiguant à vue d'oeil à cause de son importante perte de sang, elle commençait même à avoir du mal à parler...

"Lachez-moi! Ne me... Lachez la lumière! Sinon, je..."

Cette maudite lumière, blanche, vive, lui transperçait les yeux comme une lame glacée. Plus aucun repère, elle ne voyait qu'à moitié ce qui se passait autour d'elle... ne comprenait pas... Un goût de fer envahissait sa bouche, avant que, quelques secondes plus tard, elle ne crache quelques gouttes de sang, en toussant... En la voyant ainsi, essayer de se débattre, luttant pour rester éveillée malgré la douleur, on l'aurait prise pour... une folle... Mais après tout, est-ce vraiment si loin de la vérité que ça...?

Alexander avait repris depuis quelques semaines ses habitudes. La saison de Quidditch avait recommencé et avec elle les rencontres amicales, matchs de Ligue, les éliminatoires pour la Coupe du Monde de Quidditch, ...etc...
Comme à son habitude, Alexander avait tout d'abord convoqué en assemblée les présidents des différents clubs de Grande Bretagne pour discuter des transferts, des affectations, ... Puis avait réunis les arbitres nationaux afin de faire un point sur le règlement, ses mises à jours et les points sur lesquels il serait important d'appuyer cette année, ...
Ce jour-là, il avait rendez-vous avec Penelope de Luxley pour préparer l'organisation du staff médical lors des prochaines rencontres. Les deux compères se connaissaient depuis un bout de temps maintenant et s'entendaient relativement bien. Leurs conversations finissaient d'ailleurs généralement autour d'une tasse de thé et de quelques biscuits secs, Alexander prêtant en toute circonstance une grande importance à l'étiquette.

Alexander et Penelope s'étaient donc mis d'accord, après près d'une heure de discussion, sur la manière d'organiser l'encadrement médical lors des matchs de Quidditch. En effet, l'année précédente, divers problèmes étaient survenus suite à des chutes ou à des coups de Cognards mal pris en charge à cause de la mauvaise organisation des secours. Alexander avait donc décidé cette année d'en faire une de ses priorités et mettait tout en oeuvre pour que les erreurs, dont il était majoritairement responsable, de l'année précédente ne se réitèrent cette année encore.

Ils prirent tous les deux la direction de l'ascenseur et Alexander appuya sur le bouton correspondant au rez de chaussée. Alors que l'humeur était au beau fixe et que les deux compères rigolaient ensembles, les portes de l'ascenceur s'ouvrirent et Alexander vit une foule rassemblée au milieu du Hall. Il y avait là plusieurs médicomages, reconnaissables à leur traditionnelle uniforme vert, et quelques badauts. Tous regardaient quelques chose qui gisait au sol. Alexander et Penelope coururent en écartant la foule et le vieil homme s'arrêta net quand il vit un corps allongé sur le carrelage du Hall. Un médicomage semblait prendre en charge la patiente et le Ministre des Jeux magiques allait s'en retourner vers son bureau quand il reconnu cette chevelure grise. Il s'approcha, écartant les médicomages qui s'afféraient sur le corps, et eut la respiration coupé quand il vit de qui il s'agissait et la plaie qui la faisait souffrir.
"Ool... Oolong Ichabod..." bredouilla-t-il.
En effet, quelques semaines plus tôt, il l'avait vu lors d'un entraînement alors qu'il rendait visite au président du Club dans lequel elle jouait.
Alexander releva la tête vers Penelope et lui jeta un regard presque suppliant.

Ah le quidditch! Principal pourvoyeur de blessé dans le monde sorcier... Pas d'ironie dans mes propos, loin de là. Non, Alexander venait de renégocier les droits d'encadrement médicomagiques pour la prochaine saison. C'est ça aussi être Directrice de cette noble institution qu'est Sainte-Mangouste. Souvent, le travail administratif prend le dessus sur les soins. Mais je ne peux pas me plaindre, j'ai choisi de dire oui lorsqu'on ma proposé ce poste prestigieux. Mon ego s'en était trouvé flatté, alors oui, j'ai cédé pour accéder à ce rêve. Maintenant, je suis Madame De Luxley, Directrice de Sainte-Mangouste... Tout ce dont j'avais toujours rêvé.

L'heure pendant laquelle j'avais parlé avec Alexander était des plus agréables, un vrai modèle de bienséance et de courtoisie. Il était facile de parler de tout avec cet homme, surtout si l'on avait une théière et des petits biscuits à portée de main.
En sortant de mon bureau, nous étions parvenu à un accord sans précédent dans le cadre de ce, comment dit-on déjà... sport? Pour chaque match deux internes et un titulaire spécialisé dans la traumatologie du sport seraient sur le bord du terrain. Pour les aider, une zone de transplannage rapide leur serait ouverte le temps du match. Le Ministère prendrait en charge les frais matériels de ces opérations exceptionnelles, tant mieux. Je n'aurais jamais accepté sinon. Déjà que notre situation financière n'était pas brillante, ma mission était de la remonter. Alors, l'offre du Ministère ne pouvait être refusée.

Ding !

L'ascenseur atteignit le res-de-chaussée où se jouait apparemment un drame qui ne m'inquiétai pas. Quelques médicomages s'affairaient autour d'un patient ou d'une patiente, je ne savais pas. J'allais serrer la main d'Alexander et faire passer mes salutations à Sophie et à son petit-fils, mais le vieux ministre partit autour de mes collègues. Lorsqu'il tourna son regard vers moi, je crus qu'il s'agissait de quelqu'un de sa famille, et je me mis automatiquement à marcher vers ce troupeau.

Oolong je sais pas quoi? Je ne la connaissais pas. Mais cette jeune femme semblait dans un sale état.

Ah si, je la connaissais, c'était une célébrité de notre état, une joueuse de quidditch.

- Je croyais que notre contrat ne devait être effectif que dans une semaine pour la reprise de votre championnat... dis-je ennuyée.
Pete je vous écoute, qu'est-ce qu'on a?

- Femme d'une vingtaine d'années, avec perte de connaissance et sans doute hémorragie interne due à...

- Merlin, mais elle a un balai dans les côtés! Melinda, Pete on la met en salle d'examen 1, on ne peut pas la déplacer, ce serait dangereux. Et bipez Richard

Les deux jeunes internes déplacèrent la jeune femme sur un brancard magique et l'emmenèrent dans une salle du rez-de-chaussée.

- Vu votre tête, je suppose que vous la connaissez Alexander. Je vous conseille d'attendre, ça ne va pas être joli à voir. Et dire que je pensais qu'on ne pouvait se coincer un balai que dans l'arrière-chaudron!

Penelope fit un signe de tête à Alexander pour essayer de le rassurer, puis s'en fut avec les autres.

La jeune attrapeuse prodige délirait complétement, c'était le moins qu'on puisse dire. Prise de panique, elle essayait vainement d'éloigner cette foule de médicomage qui l'encerclait, mais en vain. Comment aurait-elle pu, d'ailleurs, alors qu'elle n'était capable que de faire de vagues geste d'un bras, tous les affaiblis les uns que les autres. Non, elle eut tôt fait de laisser tomber...

Puis soudain, comme par miracle, la foule s'écarta. Très légèrement, mais de quoi la laisser un peu respirer. Elle entendait que l'on prononçait son nom. Au moins, ça, elle le reconnaissait et le comprenait, après... De là à réussir à voir qui était cet homme exactement, c'était trop lui demander. Ses yeux sombres partaient dans tous les sens, se plissant pour échapper à cette lumière qui l'aveuglait...

#Ne ferme pas les yeux, ne ferme pas...#

"Merlin, mais elle a un balai dans les côtes!"... L'information mis un certain temps avant d'arriver au cerveau de la jeune Ichabod. Quelques vagues souvenirs lui revenaient brutalement en mémoire, sous forme de flash d'images, tous plus violents les uns que les autres...

"La lumière... éteignez..."

Non, elle ne supportait pas ces visions. ... Oolong ferma les yeux, perdant connaissance. Elle avait essayé de lutter, mais n'y tenait plus. La fatigue, sa blessure, avaient eu raison de la joueuse: elle n'avait pas réussit à tenir plus longtemps, et s'était laissée aller dans le monde de rêves... ou des cauchemards, Dieu seul le savait.

On la plaça alors sur un brancard, et l'emmena dans la salle d'examen n°1. Le teint lunaire d'Oolong ne présageait rien de bon. En la voyant ainsi, pâle au possible, les mains et son flan couverts de sang, ses yeux fermés, on l'aurait prise pour une morte... Heureusement, il n'en était rien. Depuis toujours, la jeune Ichabod avait montré un caractère de battante. Si elle devait mourir, c'était en se battant, pas ainsi...

C'était comme un vieux souvenir, qui n'était pas vraiment le sien. Non, plutôt celui de sa mère. Elle aussi avait été, en son temps, un joueuse magistrale. Vraie légende, on promettait sa fille au même avenir. Tout allait bien pour madame Ichabod, jusqu'à cette chute, cette maudite chute de balai... Vertigineuse, mortelle... Mortelle? Oui, elle aurait dû l'être, normalement. Seulement, sans que l'on arrive à comprendre pourquoi, elle avait survécu, un miracle, avait-on dit à Ste Mangouste...

Un bon mois de coma. Long et interminable. Oolong s'en souvenait, elle était petite à l'époque... Peut-être six ans, sept ans, tout au plus. Et sa mère s'était réveillée. Pas en très bon état, hélas...

Folle. Complétement folle. Souffrant de psychoses et de schizophrénie, on l'avait placé à l'étage psychiatrique... Jusqu'au jour où elle dû le quitter, pour Askaban. Un destin bien sombre, pour une étoile qui, malgré tout, continuait encore de briller... La mère de Oolong avait, en effet, tué trois médicomages. Oui, en plus d'être une attrapeuse de génie, c'était une merveilleuse magicienne... Jugée "dangereuse pour la société" et "psychologiquement instable et irrécupérable", le Ministère avait donc décidé de la placer en prison...

On pouvait donc se faire du soucis pour la jeune femme, ici présente, qui venait de perdre connaissance. Sachant que beaucoup la prenait déjà pour une tarrée, une attrapeuse géniale, au talent incroyable, mais certainement un peu... atteinte ^^' , rien que pour ça, on aurait pu s'inquiéter de l'impact que cette blessure aurait... Après tout, n'était-ce pas la chute de Claire Ichabod, qui avait enflammé sa folie...?

C'est sous ces paupières fermées, à l'allure si paisible, que la prodige du Quidditch revoyait tout cela... Encore une fois... Qu'en serait-il, pour elle...?


hj: Désolée, message un peu... court --'... Mais bon, étant donné que mon perso est inconscient... J'peux pas faire grand chose ^^' !

J'entrai dans la salle d'examen d'un air détaché. Ce n'était pas commun de voir ça malgré toutes les blessures consécutives au quidditch que j'avais pu voir depuis le début de ma carrière, je n'avais jamais eu à traiter un cas comme celui-ci. Même si je n'en montrai rien, j'étais toute excitée à l'idée de participer ici.

La jeune femme délirait, tant mieux, au moins, elle était toujours en vie. Je m'approchai timidement du brancard en me disant que Rochard ferait mieux de ramener ses fesses dans la minute qui suivait s'il ne voulait pas que je les lui botte ce soir. Les internes comptaient visiblement sur moi pour mener les opérations...

Merlin tout puissant, je n'ai pas intérêt à me planter... respire, respire! Bon alors...

- Il ne faut pas retirer le balai au risque de provoquer une hémorragie irréparable. Pour l'instant, il faut voir si elle a d'autres lésions internes consécutives à la chute. Pete procédez à un scan baguétal de type quatre. Melinda, je veux ses constantes moldues.

Expiration.

- Tenez bon jeune fille, on va vous tirer de là.

Pete sortit sa baguette et la pointa sur le crâne de la patiente. Il prononça une formule incompréhensible pour quiconque n'avait pas suivi un cursus en médicomagie avancée. Puis, du bout de sa baguette jaillit une sorte de projection bleue. Au dessus du crâne de la championne on pouvait voir l'intérieur de la boîte cranienne. L'interne poursuivit en descendant le long du corps. Lorsqu'il s'arrêta sur le poumon droit, la "radio" vira au rouge. Bingo.

- Tension faible à 6 - 5, poul filant et irrégulier, elle s'enfonce, dit Melinda d'une voix nerveuse.

Pendant ce temps, Pete ne trouva aucune autre lésion dans le corps de la patiente.

- Ok, on pose un drain pour vider le poumon, puis on essaiera de réduire la plaie.

Parfois, la technique médicale moldue était plus efficace que toutes les potions du monde. En l'espèce, il n'y avait pas d'autre solution.

- On lui passe une ampoule d'adré. Melinda, le drain.

C'est à ce moment que Richard choisit de nous rejoindre s'arrangeant pour faire de son entrée un coup de théâtre façon deus ex machina.

- Penny, je ne peux pas rester, on a un problème extrêment grave au quatrième. Je peux seulement vous donner les directives à suivre.

- Pourquoi ne suis-je pas étonnée?

Mon regard chercha celui d'Alexander qui patientait de l'autre côté de la vitre, dans le couloir.

Alors qu'autour d'elle, les médicomages s'afféraient, suivant les ordres de leur directrice, Oolong restait immobile, la tête légèrement penchée sur le côté. Seuls ses yeux remuaient sous ses paupières, signe qu'elle rêvait... ou cauchemardait, qui sait? L'un dans l'autre, tout était possible... Mais en cet instant précis, la deuxième hypothèse était plus probable, malheureusement...

La respiration de la jeune attrapeuse était des plus irrégulières. Saccadée, elle sifflait quelque peu, n'annonçant rien de bon. Enfin... On lui posait un drain, de quoi vider son poumon droit, engorgé de sang, visiblement. Son poul était faible. Trop faible. Oolong s'enfonçait plus profond encore dans ses cauchemards, son rythme cardiaque s'accélérant par moment... Etait-ce ça, au final, de mourir?...

Une ampoule d'adrénaline. De quoi l'aider un peu, hein? Une respiration plus profonde, encore plus sifflante. L'angoisse. Oolong angoissait. Un mince tremblement parcourut son corps, glacé par l'aura macabre qui tentait de la voiler de son linceul... Ses yeux s'agitaient un peu plus, alors que sa tête remuait faiblement... C'était comme combattre un mauvais rêve, ne pas réussir à se réveiller... Exactement ce qu'elle avait craint. Peut-être était-ce l'idée de finir comme sa mère, enfermée, qui l'effrayait tant, au fond? Oui, peut-être...

A moitié inconsciente. Pas vraiment réveillée, mais plus tout à fait dans les vappes. La douleur la brûlait tant qu'elle finissait par ne même plus s'en rendre compte. Les yeux mi-ouverts, Oolong essayait de comprendre ce qui se passait: en vain. Elle n'était plus que spectatrice, à présent, n'arrivant même plus à parler comme il faut, n'arrivant pas à comprendre ce qu'il se passait, qu'est-ce qu'elle avait, pourquoi elle était ici...

"Pas Askaban... M'man, reste... nan... pas la..."

Ses paroles, sans queue ni tête n'était qu'un souffle glacé, un murmure suppliant et terrifié. Oolong papillonait des yeux, tournant la tête à gauche à droite, faiblement. Ce goût de fer, dans sa bouche. Cette odeur... Le sang. On se serait cru dans une boucherie. Si elle n'était pas si fatiguée, et incapable de vraiment parler ou faire quoi que ce soit, elle l'aurait fait remarqué, avec ce petit sourire vaguement dédaigneux qui faisait tout son charme... Mais là, non. Non, impossible. Elle n'arrivait pas à bouger. Elle entendait des voix, sans en saisir les paroles. Son regard mi-paniqué mi-las allait d'un médicomage à un autre, alors qu'elle gromellait quelques autres paroles, toutes aussi incompréhensibles les unes que les autres...

"C'est ma maman... vous savez... pas folle..."

Son regard se fixa un bref instant sur Alexander, avant de repartir dans tous les sens. Elle était incapable de maîtriser le moindre de ses mouvements, comme possédée par la douleur...

Alexander ne s'était intégré au monde magique que par la Quidditch. Dès sa plus tendre enfance, à Poudlard, il ne fut reconnu que pour ses qualités en tant que joueur et Capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor. C'était encore grâce au Quidditch qu'il était devenu une star locale lors de ses études en Espagne.
Les 30 années qui suivirent, il les avait passé dans les cabines ou sur les ponts de la majorité de la flotte de la Navy. Mais dès qu'il avait quitté le service de la Reine, il s'était servi de la fortune héritée du Professeur Cunningham pour s'offri son équipe de Quidditch préférée. Aujourd'hui il était Ministre des Jeux et Sports Magiques. Le Quidditch et ses joueurs avaient une grande importance pour lui.

Aujourd'hui, Alexander était témoin d'un accident de Quidditch. Machinalement il s'était quelque peu inquiété pour cette joueuse mais une fois l'agitation dissipée, Alexander se demandait même ce qu'il faisait dans ce couloir.
Le brancard s'était mis en branle, Penny l'avait dirigé vers une salle d'examen voisine. Le brancard avait quitté le Hall part une porte à double battants qui s'était ouverte sur leur passage et le vieil homme avait suivit les médicomages. Mais maintenant, il se trouvait dans un couloir silencieux, faisant les cents pas devant une large vitre donnant directement dans la salle d'examen. Il essayait de ne pas regarder à l'intérieur, ne souhaitant pas violer l'intimité de la patiente mais ne pouvait s'empêcher d'y jeter des coup d'oeil rapide.
*Qu'est-ce que je fais là?* se demanda-t-il intérieurement.
Il avait bien pensé à partir, mais il était là maintenant et la bienséance le lui interdisait. Il aurait pû s'assoir sur un des bancs installés contre le murs et sortir un parchemin pour travailler en attendant mais pour qui passerait-il... Il se décida tout de même à sortir quelque chose de sa poche. Il s'agissait d'un portait de Maxime Chwarae, le célèbre joueur de Quidditch.

Pourquoi avait-il un tel portrait sur lui me demanderez-vous ? Et vous avez en effet raison de vous poser des questions.
Alexander était quelqu'un d'extrêmement organisé et, en amiral à la retraite, avait gardé de soucis de communication que peuvent connaître les Capitaines de flotte dans la Marine. C'était pour cette raison qu'il avait, dès son arrivée à la tête du Ministère des Jeux et Sports Magiques, fait installer dans tous les terrains de Quidditch, tous les services du Ministère des Jeux et Sports Magiques ainsi que dans les endroits où il pouvait régulièrement se rendre ou donner des ordres des portraits de Maxime Chwarae identiques. Il pouvait donc ainsi, et où qu'il se trouve, joindre n'importe lequel de ces collaborateurs. L'invention de ce portait miniature avait été sa dernière trouvaille.

Il donna des ordres à son assistant resté au Mnistère en lui précisant qu'il risquait de rester à Ste Mangouste une partie de la journée.

Il rangea le portait dans sa poche et jeta un coup d'oeil à la salle d'examen ou il croisa, durant l'espace d'une seconde, le regard de Oolong avant qu'elle ne retombe inconsciente. Le vieil homme resta scotché sur place par cet instant fragile.

hj: Désolée, je commence à râmer un peu, là ^^'...

Ressombrant dans l'inconscience, la jeune attrapeuse était presque parfaitement immobile, si ce n'était que par moments, on voyait son corps agité par un spasme... Rien de plus. C'était le silence complet, ou presque. Certains médicomages poussaient des grognements, devant la difficulté du cas auquel ils avaient à faire, mais c'était surtout la respiration pénible et saccadée d'Oolong, que l'on entendait. Sifflante au possible, elle semblait parfois se bloquer, au milieu d'une inspiration, sans pour autant réussir à tousser... L'horreur.

Sans rien savoir du spectacle macabre qu'elle donnait aux médecins ainsi qu'à Alexander Cunningham, le Ministre des Jeux et Sports Magiques, la jeune prodige voyait des images, par flash désordonnés...

Askaban. Elle se revoyait, âgé de six ans, aller trouver pour la première fois sa mère, enfermée dans une cellule bien sombre, complétement folle. Elle sentait encore ce froid, terrible, qui lui avait serrer le coeur jusqu'à sembler l'empêcher de battre, alors que les détraqueurs flottaient autour de son père et elle...

Poudlard, le bureau du concierge. La jeune Serdaigle était assise sur une chaise de bois à dossier droit, inconfortable, cela allait de soit. Devant elle, le vieil homme lui criait dessus, fou de rage, essayant de lui faire comprendre que non, colorer une bonne partie du lac en bleu cyan pétant n'était pas permis...

Le magasin de Quidditch de son père, où elle ouvrait les boîtes de cognards et s'amusait à voler sur les balais, terrorisant ainsi bon nombre de clients...

Icarius... Elle le revoyait, lors de leur premier rendez-vous, se montrer galant au possible. Il la captivait, et inversement. Il était beau, vêtu d'un magnifique costume, ses cheveux commençant à devenir grisonnants, coiffés un peu en bataille, ce qui lui donnait cet air sauvage qu'elle aimait tant... Qu'est-ce qu'ils avaient bien mangés, ce jour-là...

La réalité présente n'était pas du même genre. C'était plutôt le contraire, en fait. Le morceau de manche à balai était toujours profondément enfoncé entre les côtes de l'attrapeuse, cette dernière saignait toujours et arborait un teint plus pâle que jamais, restant toujours à mi-chemin entre l'inconscience et la conscience... Elle se perdait, peu à peu...

Deux heures plus tard...

La salle d'examen ressemblait à un champ de bataille. Autour du lit sur lequel était toujours étendue la jeune femme désormais saine et sauve, quelques fioles de potions et autres lotions jonchaient le sol. Le travail avait été dur et intense et sans les conseils avisés de Richard, nous n'aurions sans doute pas pu faire grand chose. Tout le monde se regardait dans la pièce en attendant une quelconque directive de ma part.

- Beau travail tout le monde, maintenant, c'est à elle de faire le reste.

Les infirmières auraient beaucoup de travail pour nettoyer toutes les traces d'activité magicomédicale qui avait régné ici. La scène était assez chaotique.

- Pete, ne restez donc pas planté là, ce n'est pas parce que je vous ai complimenté dans le lot que vous devez vous reposer sur vos lauriers. Montez-là à l'étage de Richard. Après tout, elle dépend de son service.

Ah les mots! Je les aime surtout quand leur son et leur sens se combinent avec art et simplicité, qu'ils vous frappent comme une pierre et vous emportent avec eux. ( Jean d'Ormesson)
L'acidité de certains n'empêchent pas de pouvoir ressentir une certaine tendresse envers ceux qui les reçoivent. ici, à l'hôpital, la couture fine de sens de certaines phrases et ciselée dans le cynisme est une tradition. Ils réclament de leurs victimes une bonne dose de mosochisme hiérarchique.
Quand j'étais à la place de Pete et de melinda, je les détestais. Aujourd'hui, je m'en délecte malheureusement.

Je sortis de là sans faire plus de chichi. LA célébrité était sauvée au plan physique, pour ce qui relevait de la psychologie, il lui restait pas mal de chemin solitaire à parcourir. je partis voir Alexander en me demandant si elle aurait le cran de s'en relever.

Toujours allongée dans son lit, l'air plus paisible qu'auparavant cependant, Oolong se remettait doucement du long combat qui avait fait rage dans la pièce. Etait-elle éveillée? Nul ne le savait. Toujours est-il que ses paupières étaient closes, et semblaient, pour le moment, déterminées à le rester...

Un champ de bataille? Une boucherie, Merlin! Une vraie boucherie! En plus des nombreuses fioles qui gisaient un peu partout, l'on pouvait voir des débris de manche à balai, étalés ici et là. Mais pire que le désordre qui régnait en maître dans la pièce, l'on voyait le flan et les mains de l'attrapeuse, toujours couverts de son sang qui, à présent, avait fini par sêcher (Erk!)...

Une infirmière venait justement la nettoyer. Oolong, bien qu'elle soit à moitié réveillée, ne broncha pas, même si habituellement, elle aurait déjà crié. Non, laissant l'éponge passer sur ses mains, elle restait immobile, sans dire un mot, déterminée à se faire oublier pour un moment... Juste un petit moment...

Lorsque la soigneuse toucha à sa plaie, ce fut une tout autre histoire. Moins d'une seconde plus tard, l'infirmière sortait en courant de la chambre, sans demander son reste, alors qu'Oolong venait de pousser un hurlement mémorable.

Sa douleur s'étant réveillée aussi brutalement qu'elle, la prodige du Quidditch serrait les dents, les poings crispés sur son oreiller et le visage caché dans ce dernier. Hors de question qu'elle montre les larmes qui perlaient sur ses yeux, jamais! Son souffle était haletant, saccadé, alors qu'elle essayait de se reprendre, qu'elle essayait de comprendre...

Pourquoi était-elle ici, déjà? Ses yeux se posèrent sur les débris de manche, ensanglantés. De nombreux souvenirs se confondaient dans son esprit, la laissaient confuse et tremblante. Un frisson glacé lui courut sur l'échine, rappelant à sa mémoire cette douloureuse sensation d'être complétement perdue...

Elle aurait voulu partir. Vite, n'importe où, mais ne pas rester ici, dans cet enfer des sens. Mais déjà, elle entendait des pas s'approcher... se levant précipitament, et tirant par la même occasion ses draps et ses oreillers par terre, sans le vouloir bien sûr, elle se dirigea d'un pas chancelant vers un coin de la pièce. Encore sous l'emprise de quelques tranquilisants, elle avait de la peine à tenir debout, ses gestes semblaient incontrôlés... Titubant donc, elle s'accrocha à une table, faisant par la même occasion tomber un plateau recouverts d'ustensiles et de compresses en tout genre. Le bruit qui s'ensuivit lui fit plisser les yeux. Pitié, que ça cesse!

#Où est ta baguette, Oolong? Tu ne la prends pas?#

Ah nouveau, la voix... Elle...

"Qu'est-ce que tu... hein?"bredouilla la jeune femme, serrant à nouveau les dents en sentant la lame acide de la douleur transpercer son flan.

#Ta baguette...#

Oui, sa baguette... Où était-elle? Le regard de l'attrapeuse fit le tour de la pièce -vrai chantier- sans la voir. Merlin, qu'avait-on fait de sa précieuse baguette?!

Tenant à peine debout, Oolong était à moitié adossée à un mur, dans un coin de sa chambre, ses mains cherchant vainement quelque chose à quoi se raccrocher. Elle avait l'horrible impression d'être sur un fil, en-dessus du vide, et de sentir le vent glacé de la mort souffler contre elle... Une bouteille d'alcool pur se fracassa par terre, suivant la trajectoire de ciseaux et scalpels...

"Ma baguette... Elle n'est pas là..."souffla-t-elle d'un air paniqué, alors que dans son esprit, cette mystérieuse voix qui l'obsédait depuis tant d'années, continuait de résonner... inlassablement..."Fous-moi la paix..."murmura Oolong, presque suppliante."TAIS-TOI!"

Quelques autres flacons volèrent à travers la chambre, allant s'écraser dans un grand bruit contre les murs, alors que l'attrapeuse se recroquevillait un peu plus dans le coin, comme assaillie par un danger invisible... la folie...

hj: Oui, Oolong est folle, je l'avais dit, non?

Alexander avait enfin décidé de bouger de ce couloir. Jetant un dernier regard à Oolong qu'on préparait pour l'opération, il se dirigea vers la porte qui menait dans le Grand Hall et la poussa à la volée. Il marcha doit vers le comptoir de l'accueil et y appuya sa main puissante.
"Vous me préviendrez quand Miss Ichabod sera tirée d'affaire." dit-il d'un ton qui se voulait autoritaire. Il ajouta ensuite :
"Où pourrais-je trouver une machinathé ?"
La jeune femme qui restait assise derrière son comptoir lui indiqua le coin gauche de la pièce avant de se replonger dans une lecture qui devait s'avérer passionante.

Alexander prit la direction qu'on lui avait indiqué et trouva la machine en question. Il sortit de la poche intérieure de son manteau son porte-monnaie et en tira une poignée de noises qu'il commença à introduire dans la fente de la machine prévue à cet effet.
Comment fonctionnait cette machine ? C'est très simple. Lorsque la somme était introduit dans la machine, une soucoupe se soulevait d'elle-même de la pile de soucoupes et se posait sur une petite tablette. Il en allait alors de même pour une tasse, une cuillère puis pour la théïère qui remplissait la tasse. Le ballet continuait ainsi avec le sucre, le citron ou le lait suivant l'option choisie. Une eptite vitre se levait alors pour laisser sortir la tablette et permettra à l'utilisateur de se saisir de la tasse et de sa soucoupe. Une fois le breuvage entièrement consommé, la soucoupe et sa tasse disparaissaient d'eux-mêmes.

Alexander s'assit donc dans un coin, jugeant qu'on ne pouvait apprécier un thé que confortablement installé, même s'il s'agissait d'un thé de machine. Il se laissa aller à réfléchir quelques secondes à divers projets en cours au Ministère. Il finit de boire son thé et posa la tasse qui disparut aussitôt. Il reprit le petit portait et envoya quelques consignes à son adjoint resté à son bureau.

Une infirmière vint enfin le voir et lui indiqua timidement que l'opération était terminée et s'était bien déroulée. Alexander rejoignit alors le couloir qu'il avait quitté quelques heures auparavant dans lequel il croisa Penelope.
"Alors, comment va-t-elle ?" demanda-t-il d'un ton neutre, dénué de toute l'inquiétude qu'il avait pu ressentir quelques heures auparavant, cette attente ayant eu raison de sa compassion.

En sortant de la salle, je dus ôter ma blouse maculée de sang et la mettre à la poubelle. Mes bras et mes jambes me suppliaient de les mettre un peu au repos. Je sortis ma montre à gousset et constatai avec effroi que je n'avais qu'une petite demi-heure avant d'entamer mes visites.

- La peste soit du Quidditch et des quidditchieurs! Je suis épuisée.

En empruntant le couloir, je vis Alexander. Je me demandais bien ce qu'il pouvait faire là. A priori je ne pensais pas qu'il conaisse la patiente personnellement... Alors pourquoi? Ce vieux barbu était bien surprenant, un peu cintré peut-être. Un de ces jours, je lui proposerai un bilan complet.

- Ah Alexander. Vous serez bien aimable de m'offrir un thé à la machine... Etant donné que nous avons commencé notre partenariat plus tôt, vous allez vous faire un plaisir de mettre la main à la poche.

C'était beaucoup plus plaisant de dire ceci qu'un sempiternel "Je sors à peine et je n'ai pas de monnaie dans ma poche."
J'engageais la marche vers la machine d'un pas tranquile. A côté de la précieuse invention qu'est cette machine, il y a deux fauteuils rouges: je m'y voyais déjà confortablement installée.

- Elle va s'en sortir. Elle est jeune et était en bonne santé au moment de l'accident. Nous avons décoincé le fameux manche et réparé les dégâts dans les tissus internes.

La machine était en vue! Elle brillait presque dans mes yeux et j'aurais presque pu entendre les fauteils m'inviter généreusement à poser mon auguste fessier sur leur velours.

- Il vaudrait mieux pour elle qu'elle ne recommence pas cet exploit, elle n'aura pas toujours la chance qu'elle a eu. Mais... la connaissez-vous en dehors de sa renomée sportive?

Alexander et Penny prenaient la direction de la Machinathé.
Bien entendu, le vieil homme n'avait pas imaginé laisser la jeune femme payer le thé. Il était normal, et même obligatoire, pour un homme de ne laisser au sexe faible toucher à l'argent. Mais Mlle De Luxley ne devait pas être coutimière de ce genre d'attentions. Ceci ne confirmait que trop les rumeurs qu'Alexander avait entendu concernant cette femme ; Aigrie, féministe, loin des hommes voire même lesbienne. Ceci expliquerait peut être cela...
Mais Alexander ne prenait guère compte de tout ça. Il appréciait converser avec Penelope et cela s'arrêtait là.

Les deux compères approchèrent de la Machinathé, y introduisit une pièce et fit son choix. Un bruit métalique indiqua que deux pièces avaient été rendues par la machine, qu'Alexander ramassa, et deux soucoupes s'élevèrent alors de leur pile. Alexander, qui avait déjà assisté à la représentation se désinteressa du spectacle qu'offrait la machine et se tourna vers Miss De Luxley.

"D'habitude, ce n'est pas le genre à avoir un balai dans le chaudron..." dit-il en parlant de Oolong pour briser la glace.
"Je suis heureux qu'elle s'en sorte."
Il prit les deux tasses que lui présentait la Machinathé
"Un thé à a menthe..." dit-il en tendant une tasse à Penelope.

Ils se dirigèrent vers les fauteuils où il proposa à Miss De Luxley de s'assoir. Il s'assit après elle et continua :
"En fait, je suis plus qu'heureux qu'elle s'en sorte. Je l'espérais fortement car j'aimerai qu'elle intègre l'équipe des Portree Pride ... dont je suis président." ajouta-t-il non sans une certaine fierté.
Il but une gorgée de thé bien chaud et reposa la tasse dans la soucoupe qu'il tenait dans la paume de sa main comme à son habitude.
"C'est que c'est une joueuse excellente, ce qui m'ennuie c'est qu'on la dise folle.
Croyez-vous qu'elle ait réellement des problèmes psychiques ou est-ce un style qu'elle se donne comme nombre de ces sportifs d'aujourd'hui qui font passer leur image avant le sport ?"

Le repos du guerrier... Le fauteuil semblait m'attendre.

Drôle de personnage que ce monsieur Cunningham. Je l'écoutais vaguement parler en attendant mon thé. Gentleman guindé de principes et lesté du poids d'années enfermées dans une idéologie machiste. Mais à mes yeux, il était s'agréable compagnie en ce qu'il ne mâchait pas ses mots dans nos conversations. En plus, chose rare de nos jours, il adorait le thé, alors... Alors cela suffisait à ce que nous discutions du monde agréablement.

Aussi lorsqu'il raconta son histoire sur ses ambitions envers ma patiente, je ne fus pas surprise. Après tout, il était un homme. Les hommes et le sport c'est une histoire d'amour, peut-être autant que les hommes et l'entrecôté d'hypogriffe.

La tasse fumait et laissait échapper une délicieuse odeur. Je m'empressais de la porter à mes lèvres et de laisser le liquide me réconforter.

- Je ne sais si elle est folle, tout ce que je sais, c'est qu'elle délirait tout à l'heure. Pour répondre à la question, il me faudrait demander l'avis d'un spécialiste. Je me renseignerai si vous voulez.

Après avoir achevé ma tasse, je me levai.

- Peut-être devrions-nous aller la voir?

C'était reparti pour une visite supplémentaire.

"Certes." déclara-t-il en se levant se son fauteuil. Mais nul n'aurait pû dire si cette réponse concernait la première ou la seconde des propositions de la jeune femme.

Alexander, dont la tasse n'était pas encore vide, garda la soucoupe dans la paume et la tasse à la main.
Ils s'avancèrent en direction de la porte dans le coin oppposé et passèrent les battants qui s'étaient ouverts par magie sur leur passage. Les deux compères continuaient à discuter, Alexander évitant un sujet trop sportif qui n'était pas un sujet de femme. Néanmoins, Penny était loin de l'image normale d'une femme, être intellectuellement inférieur passant son temps à la cuisine, seul endroit où ses quelques talents pouvaient encore s'exprimer. A la limite pouvait-on les emmener avec soi lors d'une soirée mais il ne fallait pas pour autant la perdre de vue car on risquait de ne pas retrouver cet être qui ne devait surement pas se rendre compte, contrairement aux hommes, du monde qui les entourait. Même si Penny était loin de cette image, elle n'en restait pas moins une femme et ne pouvait donc rien comprendre à l'art et à la beauté du sport.

D'un sujet à l'autre, Penny et Alexander se trouvaient maintenant devant la salle de réveil où reposait le corps légèrement tremblant de Oolong.

[HJ] Le message est pas long parce que faire des sujets avec la vieille, j'ai l'habitude... J'espère que la morte se relèvera bientôt parce que là, je vais me mettre à me tourner les pouces...

En entrant dans la salle, une étrange scène se déroula sous leurs yeux. Pour un peu, j'aurais presque pu plaindre l'infirmière. J'en avais vu des réveils, mais des comme ça, pas souvent. Un énorme soupir de ma part déchira l'air de la pièce. Quel pathos! En un éclair je tournai mon regard vers Alexander en me posant quelques questions légitimes.

- C'est ça la super star?

Non quand même...

- La reine du balai?

Oui, quand même...

- La super joueuse que vous voulez embaucher? Pour moins cher je peux vous envoyer quelqu'un de la psychiatrie vous savez... J'ai même une star à mon étage, une ancienne gloire, Lockhart. Enfin...

Quelques pas plus loin je me retrouvai devant le lit, prête à croire à cette folie passagère, du moins l'espérais-je. L'infirmière me supplia du regard pour partir ce que je lui accordai sans plus tarder. La pauvre avait déjà assez subi pour uen généraliste.

- Bienvenue parmi nous. Vous êtes à Sainte-Mangouste. Je suis la Directrice de l'Hôpital.
Vous êtes arrivée ici avec un balai dans les côtes, et aintenant, vous n'avez pas besoin de baguette. Vous ne vous souvenez pas? fis-je intéressée.

Souvent le choc post traumatique entraîne une amnésie passagère. Elle était sorti du coma rapidement, j'espérai qu'elle retrouverai vite ses esprits.

- Mon pauvre ami, je crains que vous ne puissiez pas parler transfert pour le moment. Enfin, soyez positif, si elle reste dans cet état mais en retrouvant ses capacités sportives, vous la paierez certainement moins cher que ce qu'elle vallait avant l'accident.

Je n'étais pas mécontente d'avoir retrouvé toute ma verve.

Alexander était déçu. Il avait déjà imaginé diverses stratégies à expérimenter avec l'équipe, ayant analysé les capacités de la jeune joueuse. Il avait échafaudé toute une série d'entraînements mais maintenant tout tombait à l'eau. Sa blessure l'empêcherait certainement de jouer au Quidditch durant quelques mois et Alexander ne pouvait se passer d'une Attrapeuse.
Il cherchait donc qui pourrait bien prendre la place qu'il avait réservé à Oolong.
"Bouse de troll." souffla-t-il d'un ton passablement énervé par ces mauvaises nouvelles.
*Je pourrais à la limite demandé à Krum de rejoindre l'équipe et changer Martins de son poste de Poursuiveur pour celui d'Attrapeur.*

Alexander semblait avoir totalement quitté Ste Mangouste. Son esprit vagabondait parmi les noms d'hypothétiques joueurs de Quidditch pouvant entrer dans les rangs de son équipe.
"Bouse de Troll." souffla-t-il une nouvelle fois.

Mais ses pensées furent interrompues par les cris de Oolong qui s'agitait dans son lit, se tordant de douleur à chaque mouvement.
"Un peu de calme." ordonna-t-il en s'approchant de la jeune femme qui tentait de récupérer sa baguette magique.
"Du calme" répéta-t-il en prenant ses épaules pour la clouer sur le lit. "Si vous voulez un jour sortir d'ici, il faut vous reposer."

Il la lâcha et se remit à côté de Penelope.
"Tout compte fait, je vais peut être examiner la candidature de Lockhart." glissa-t-il discrêtement à l'oreille de la Médicomage.

Un balai... La jeune femme s'inquiétait pour son balai.
Etait-elle au courant qu'elle avait eu un accident grave qui aurait pu, si elle était tombée de plus haut ou si le balai s'était planté à un autre endroit de son corps, avoir des conséquences biens plus graves ?

"Je crois bien, hélas, que votre balai est inutilisable."
Alexander lui aurait bien proposé de rejoindre les Portree Pride en insistant sur le fait que chaque joueur des Pride se voyait offrir un Black Arrow X7, tout franchement sorti des usines Broomstick&Co. Mais peut être n'était-ce pas ni le moment ni le lieu.

Alors que Oolong se débattait toujours dans son lit, torturée par la douleur, Alexander se demandait s'il ne valait tout simplement pas mieux la bloquer sur place avec un sortilège de liens. Mais vraisemblablement, à voir le regard de Penelope, ce n'était pas dans son intention. Le vieil homme se décida alors à ramasser quelques uns des objets tombés au sol. Ne souhaitant pour autant véxer personne, il le fit de la manière la plus discrète possible. Il recula de quelques pas, se mettant dans l'angle mort de la vision de Penny, sortit tout doucement la baguette, la colla contre son flanc et fit divers mouvement discret. Des fioles de verre brisées se reformèrent et remontèrent d'elles-mêmes sur les étagères. Des potions retournèrent dans leurs récipients initiaux. Puis il s'arrêta d'un coup, croyant que Penelope avait vu ce qu'il faisait, et commença à regarder le plafond.

Avant de faire quoi que ce soit dans ce genre de cas, et de fâcher le patient parce que vous ne voulez pas lui donner sa baguette, il faut entamer un dialogue. Aussi, je dus me résoudre à m'asseoir dans une des chaises que possédait la pièce, après l'avoir rapprochée du lit.

- Miss Ichabod, dites-moi pourquoi vous avez besoin de votre baguette? Pourquoi avez-vous peur?

La patience n'était pas ma meilleure alliée dans ce genre de cas. Bien que la compassion soit une de mes armes majeures en tant que médicomage, là, après avoir passé plusieurs heures sur ce cas, il me tardait franchement de pouvoir prendre une bonne douche et partir de l'hôpital.

Je chaussai mes lunettes et me tins prête à écouter ce qu'elle avait à dire. Selon ses dires, je déciderai ou non de lui envoyer un psychomage.

Malgré la douleur qui tambourinait contre sa plaie d'un rythme régulier qui ne semblait jamais vouloir s'arrêter, Oolong esquissa un mince sourire, suite à la remarque d'Alexander. Son balai? Inutilisable? Oui, seulement pour le moment. Elle devrait bien réussir à le réparer, ou du moins, une bonne partie...

"Vous savez, ce n'est pas parce qu'on est un peu cabossé que l'on ne vaut plus rien."murmura-t-elle d'une voix douce, qui n'était qu'un souffle, faible, et en même temps, gonflé d'une assurance sans faille.

Jettant ensuite un petit regard aux débris du dit balais, elle entendit Pénéloppe pourquoi est-ce qu'elle avait besoin de sa baguette. L'attrapeuse releva les yeux vers elle. Pourquoi est-ce qu'elle avait peur. Son regard se détourna aussitôt, fixant vaguement un mur, ses iris soudain vides laissant panthois.

"J'ai besoin de ma baguette pour réparer mon balais, pour... Enfin, sans ma baguette, c'est comme si... je n'étais plus vraiment moi, comme si je ne vivais qu'à moitié..."

Sa voix resta un instant en suspend, avant de poursuivre, plus hésitante et plus faiblement:

"Je déteste cet endroit, c'est... C'est trop de mauvais souvenirs. Ma mère est... Elle était là, après son accident, et..."

- Personne n'a jamais dit que vous ne valiez plus rien. dis-je en tapotant le bord se son lit nerveusement.

Ainsi sa mère avait été ici? Ichabod? Malheureusement je ne connaissais rien au quidditch. Du tout. Sa mère avait peut-être été célèbre elle aussi, pour moi, ça ne faisait pas de différence.

- Votre balai est en mille morceaux, vous ne le réparerez pas maintenant. Vous avez besoin de repos, et il y a des règles à respecter ici. Pas de baguette pour les patients. je suis désolée mais votre célébrité ne vous fera pas déroger à la règle.

Beaucoup de patients réagissent comme elle après un accident. Pour un sorcier, la baguette est un élément tangible au quel on peut se raccrocher après un choc. C'est exact, il s'agit bien d'une partie de soi.

- Rassurez-vous, nous prendrons bien soin de vous, quelle que soit votre opinion sur cet endroit.

Oolong ne répondit rien, suite à la première remarque de Pénéloppe. La vue de cette dernière, tapottant nerveusement le bord de son lit, ne fit que l'enfoncer plus profondément encore, si c'était possible, dans son silence poli. Elle n'avait pas à être nerveuse. Elle ne devait pas l'être, pas elle, pas maintenant... Surtout pas.

Le silence de la jeune attrapeuse se mua en une moue quelque peu déçue, en s'entend dire qu'elle ne réparerait en aucun cas son balais maintenant. Bon, d'accord, elle était peut-être encore un peu faiblichonne pour pouvoir se le permettre, mais bon... Par contre, la suite fut beaucoup plus un choc pour Oolong. Sa "célébrité" ne changerait rien, lui lançait la Médicomage. Ce fut sans doute cette remarque qui la fit parler.

"Ne pensez pas que je puisse jamais me croire supérieure à qui que ce soit, simplement parce que je suis une joueuse de Quidditch. Cette pseudo célébrité, contrairement à certains, je ne l'ai jamais cherchée ou demandée; je voulais simplement être attrapeuse, c'est tout. Le fait que les journaux parlent parfois de vous n'aide pas à avoir une existence comme l'on en voudrait, vous savez."murmura-t-elle un peu faiblement, son regard brillant cependant d'une détermination sans faille."Donc ne me jugez pas comme d'autres joueurs, qui s'amusent à faire parler d'eux et à se donner une image, pour mieux vendre leur nom au public, car je ne fais pas partie de cette catégorie-là."

Non, la célébrité, elle s'en moquait. Complétement. Que le public l'aime ou la haïsse, quelle différence, du moment qu'on la laissait jouer, hein? En quoi avoir son nom dans certains livres pouvait-il contribuer à une vie meilleure, ou à la recherche de cette dernière...?

"Je ne doute pas que... "vous prendrez soin de moi"; Ste Mangouste a une certaine réputation. Seulement, je... J'ai peur."dit-elle simplement, tournant un bref instant son visage dans une autre direction, innocemment.