[Bureau du Ministre] Une petite discussion s'impose PV

Dix minutes qu'il réfléchissait aux évènements qui s'étaient produits ces jours-ci. Beaucoup de tensions voyaient le jour dans la communauté sorcière et il était temps de prendre la situation en main. On ne pouvait plus tolérer que de tels groupuscules mettent à feu et à sang la paix qui avait été rétablie en Angleterre depuis la mort de Vous-Savez-Qui...

Pour Alistair, les tensions se cristalisaient dans le dos. cela faisait trois jours qu'il souffrait atrocément de contractures. Heureusement que les potions de Penny étaient là pour le soulager un tant soit peu.

A présent, il faisait les cent pas autour de son bureau en attendant Alexander. Ce vieux bonhomme pourrait peut-être l'aider. Il en avait assez de ses conseillers qui étaient aussi nuls que lui, alors, il avait décidé de faire appel à l'un de ses Ministres favoris.

- Mais que fait-il donc?

Nerveusement, il se mit à remettre chaque objet sur son bureau à sa place exacte. Maniaque, cette activité lui faisait toujours du bien. Même si ce n'était que pour tout déplacer que d'un centimètre, au moins, cjaque chose était à sa place.

Tout à coup, quelqu'un frappa à la porte...

"Ministère de la Magie - Londres" avait-il dit de sa voix rauque et puissante tout en jetant de la poudre cheminette sur les cendres encore fumantes qui jonchaient l'âtre de la cheminée.
Cette poudre paraissant si anodine était pourtant bien utile à Alexander qui, même s'il possédait une résidence à Londres, préférait passer la nuit dans sa demeure écossaise.

Il n'eut le temps que de voir les flammes vertes lui lécher le visage et en un éclair il était passé de son salon au grand hall du ministère de la magie. Mais à sa grande surprise, il s'aperçut qu'il n'avait pas attérit, comme à son habitude, dans une des cheminées juxtaposant les ascenseurs mais dans une située de l'autre coté du grand hall. Il marcha donc d'un pas décidé vers les ascenseurs, passant devant la grande fontaine qui attirait toujours le regard des badauds, le comptoir d'accueil qui était envahi par une horde de sorciers exigeant un renseignement qu'ils auraient sans doute eut plus vite s'ils prenaient la peine de lire les panneaux indicateurs présents un peu partout dans le hall et le vigil qui distribuait ce matin des pass à tour de bras tellement le monde affluait dans le ministère.
"Ces gens sont fous." s'exclama-t-il.

Avant de rentrer dans un des ascenseurs qui s'ouvraient devant lui, Alexander jeta un coup d'oeil aux cheminées par lesquelles il arrivait d'habitude. Ces dernières étaient sans cesse illuminées de flammes vertes et une marée humaine sans fin semblait s'en extirper. Il lança un regard rageur à ces individus qui venaient de boulverser son quotidien.

Les étages défilaient et Alexander pu enfin descendre de l'ascenseur.
"Quatrième Niveau - Ministère des Jeux et Sports Mag..."
Le vieil homme avait entendu cette phrase des milliers de fois et n'y prêtait même plus attention. Il parcourut le couloir d'une traite, son pas toujours droit et carré, reste des années de services militaires, et entra enfin dans son bureau. Il en ferma la porte soigneusement et apprécia durant quelques secondes le calme qui y régnait, après le tumulte du grand hall.
Il fit le tour de son bureau et s'assit confortablement dans son fauteuil de bureau en bois. Il ferma les yeux pour se recentrer un peu et lorsqu'ils les ouvrit à nouveau un petit avion de parchemin voletait au-dessus de sa tête. Alexander se redressa sur sa chaise et le petit avion se posa sur son bureau. Le Ministre ne perdit pas de temps et ouvrit la missive.
"Le Ministre de la Magie ?" s'étonna-t-il.
Il se leva, prit la direction de la porte et repartit d'un pas toujours aussi décidé vers les ascenseurs, se préparant à affronter une fois encore le tumulte de la foule.
"Premier Niveau - Ministère de la ..." Une fois encore le portier n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'Alexander était déjà dehors. Etrangement, le Premier niveau était toujours plus chargé en monde que le Quatrième. Il s'avança vers le bureau du Ministre de la magie, présentant la missive à sa secrétaire qui le laissa passer, et frappa à la porte.


[HJ] Tu diras que je suis entré que je me suis assis.

- Excellent, excellent. Entrez mon ami, asseyez-vous.



Le vieux barbu fit son entrée d'un pas élégant. A peine eut-il posé son auguste postérieur sur l'un des deux fauteuils de cuir faisant face au bureau du Ministre, que celui partit vers une sorte de buffet en bois massif, s'affairer autour d'une théière.
Alistair n'aimait pas se faire servir quand il s'agissait de thé. Le cérémonial de la préparation était une nécessité pour ce maniaque névrosé pour qui chaque habitude est un soulagement.


- Alexander mon ami, je vous ai mandé pour m'entretenir avec vous d'une affaire grave.

Le Ministre tournait le dos à son invité qui ne devait pas s'en formaliser tant il avait l'habitude d'assister à ce genre de scène. Alistair utilisa un Aguamenti pour remplir la théière qui chauffa avec un sort de chauffe bien particulier.
Bientôt, la délicieuse odeur d'un thé Earl Grey envahit la pièce pour le plus grand plaisir des narines de Monsieur le Ministre. Il servit deux tasses, et en tendit une à son vieil ami avec empressement.

- Mes services de renseignements m'ont contacté hier soir pour une affaire de la plus haute importance.

Après avoir servi le thé, il se mit à marché de long en large dans la pièce, sa tasse à la main, un air crispé sur le visage. L’ambiance dans le bureau passa « du dernier salon où l’on cause », à celle pesante d’une véritable institution en crise. Alistair alla se placer debout, derrière le fauteuil d’Alexander.

- J’ai été informé que des groupements extrémistes sont en train de voir le jour à Londres et dans certaines villes de province. Il s'agit de groupuscules d'extrême droite remettant en avant des valeurs d'un autre siècle.


Alistair tapotait à chaque parole importante sur les épaules de son ami, comme s'il voulait appuyer sur la gravité de la situation.

Alexander poussa la lourde porte de bois et entra dans le bureau de son supérieur et ami, Alistair. Il s'avança, le salua d'une poignée de main accompagné d'un signe de tête amical et s'assit dans l'un des deux fauteuils de cuir qui se trouvaient à côté de lui.
Ces fauteuils avaient un confort tout agréable vis à vis de la rudesse des sièges de bois que le Ministre des Jeux et Sports Magiques avait installé dans son propre bureau.
"Le travail n'est pas fait pour être confortable." répétait-il souvent à ceux qui osaient se plaindre de la mauvaise assise des fauteuils d'Alexander. Et après tout, ceux qui lui rendaient visite étaient bien souvent des Capitaines de Quidditch. De quoi pouvaient-ils se plaindre alors qu'ils sont habitués à passer des heures sur un manche à balai.

Alistair s'approcha du buffet qui recouvrait presque dans son intégralité le mur droit de la pièce et Alexander se demanda en lui-même parmi les thé préférés du Ministre, lequel ce dernier allait-il lui servir aujourd'hui. Alexander y mettrait-il du lait ou du citron ?
Il prit un Rappeltout sur le bureau d'Alistair et fit tourner la sphère entre ses doigts. Regardant le bureau, il se souvint de la manie qu'avait son ami pour le rangement. Tous les stylos étaient à leur place, bien parallèles au sous-main. Les pots étaient disposés à égale distance tout le long du bureau.

Au moment où Alistair se retourna, Alexander posa nonchalamment le Rappeltout sur le bureau, et saisit la tasse que le Ministre lui tendit.
"Merci." dit-il rapidement en tournant la cuillère dans la tasse afin de faire voler les arômes de la boisson.
*Bergamote et essence d'agrume... Ce sera lait.*
De sa main libre, il sortit sa baguette et la pointa vers le buffet. La petite théière dans laquelle se trouvait le lait voleta jusqu'au bureau où elle se posa avant que le vieil homme s'en saisisse et en verse dans sa tasse.
Cette chose faîte, il fit à nouveau danser la cuillère. Le lait se diluait progressivement dans le thé telles les écumes d'une vague blanche submergeant une mer sombre.
Mais c'est alors qu'Alistair engagea la conversation.
"Ce n'est donc pas juste pour boire le thé que vous m'avez fait venir." commença à répondre le vieil homme. Mais tout humour disparut lorsque le Ministre relata les nouvelles apportées par les services de renseignements.

Alexander posa bruyamment sa tasse sur le bureau et se leva d'un bond.
"Que voulez-vous dire par "valeurs d'autres siècles"?" demanda-t-il avec hâte, se doutant malheureusement de ce que cette phrase signifiait mais espérant une réponse contraire.

"Nous ne pouvons pas tolérer ceci." ajouta-t-il d'un ton catégorique en tapant de la paume de la main sur le dossier du fauteuil.
"Mais d'un autre côté..." commença-t-il, son timbre de voix s'étant radoucie et se grattant légèrement la barbe. "... nous ne pouvons pas non plus faire intervenir les aurors car si cela venait à se savoir, nous pourrions dire adieu au soutien populaire. Nous sommes en démocratie tout de même, chacun est sensé être libre de penser ce qu'il veut."
Alexander réfléchissait à une solution qu'il ne trouvait pas.
"La presse est-elle au courant ?"

S'apercevant du désordre provoqué par Alexander, Alistair se hâta de rejoindre son bureau pour remettre le Rappeltout à "sa place", c'est à dire cinq centimètre au dessus de ses stylo, dans le prolongement de son encrier. Soucieux, il finit par regarder si les stylos étaient toujours bien parallèles...

Il finit par se retourner lorsque son ami finit sa question. Alistair le regarda fixement dans les yeux jusqu'à soupirer à n'en plus finir. Alexander était certes doué en ce qui concernait les sports magiques, mais ses compétences en matière de politique générale laissaient à désirer. Quelques subtilités semblaient lui échapper. Pour les lui expliquer, le Ministre de la Magie saisit sa tasse et s'assit sur son fauteuil au combien confortable.

Petite parenthèse: sa conception sur le confort au travail était absolument antinomique à celle d'Alexander.
Mieux on est installé pour travailler mieux c'est. Recevoir des visiteurs dans des sièges confortables permet de mettre en confiance les plus timides, ou de délier les langues les plus muettes. Les autres n'en seront que plus méfiants et alors? Au moins peut-être craindront-ils la puissance de l'institution?

- Mon cher ami, vous manquez cruellement de recul sur notre système politique. Si nous étions en démocratie ça se saurait! Le peuple n'a pas le pouvoir, il ne l'exerce pas.

Le peuple est libre de penser ce qu'il veut dans la lesure où il ne réclame pas un débat d'idée. On lui impose un Ministre depuis des générations car notre ministère de la Magie dépend du gouvernement moldu. Imaginez-vous la catastrophe que ce serait si la communauté sorcière réclamait son indépendance? demanda-t-il exaspéré à cette pensée.

Chacun est libre de penser ce qu'il veut du moment où il reste dans le rang. Bref, on laisse croire au peulple qu'il lui appartient de se déterminer... dans la norme. C'est cynique, je sais, mais pas plus que le monde.

Ne faisons pas miroiter au peuple plus de liberté qu'on ne veut lui en donner. Enfin...

Il but une gorgée de thé brûlant puis, reposa consciencieusement sa tasse sur sa sous-tasse en réfléchissant. L'idée d'Alexander était pourtant juste.

- Je suis d'accord avec vous sur le fait qu'on ne peut pas leur envoyer les aurors. cela donnerait du Ministère une image dirigiste et donc très négative. Même si ma côté de popularité est au sommet, je n'ai pas envie de lui donner un coup maintenant. Nous avons quelques réformes à faire passer qui nécessite la confiance aveugle du peuple en son Ministre...

Alexander se rassit sur son fauteuil et Alistair en fit de même. C'est alors que le Ministre de la Magie partit dans un discours sur l'organisation du gouvernement du Ministère. Alexander prit sa tasse et sa soucoupe dans le creux de sa main et se calla au fond de son fauteuil. Ce laïus, il l'avait déjà entendu lors de son entrée en fonction au poste de Ministre des Jeux et Sports Magiques. Peu à peu son attention déclina.
La tasse au bord des lèvres, la fumée du thé encore chaud lui caressant les narines, il réfléchissait. Il repassait dans sa tête ses connaissances sur l'histoire sorcière et sur les théories philosophiques relatives à la politique, au pouvoir, à la conscience, cherchant en vain quelque chose qui lui donnerai une idée sur la marche à suivre. Mais rien. Dans ses souvenirs de l'étude de l'histoire du Monde Magique, à chaque fois qu'un groupe extrémiste avait pris de l'importance, il avait renversé le pouvoir en place.

L'esprit d'Alexander revint à la surface et le vieil homme avala une gorgée de thé avant de reposer la tasse dans sa soucoupe qu'il tenait toujours au creux de sa main.
Alistair continuait son explication sur les rouages de la politique sorcière.
*...chacun est sensé être libre de penser ce qu'il veut.* se répéta Alexander en lui-même comme pour se prouver qu'il n'avait pas raconté n'importe quoi et qu'il était encore parfaitement conscient du fonctionnement de la politique dans le Monde Magique. Alistair en vint à parler d'une chose qui avait toujours opposé les deux hommes ; la servitude du Minsitère de la Magie au Premier Ministre Moldu.
"Là dessus, vous connaissez mon point de vue mon cher." intervint Alexander lorsque le Ministre de la Magie eut terminé son explication et but une gorgée de thé.
"Ce n'est pas le Premier Ministre Moldu qui vous a nommé à cette place. Et c'est bien nos aurors qui l'ont protégé des attaques de Voldemort à une époque pas si lointaine.
Même si le Ministère de la Magie n'a pas l'autorité du Premier Ministre moldu, de part son obligation de garder l'existence du Monde Magique secret, il n'en a pas moins l'importance et je ne crois pas qu'il puisse être rabaissé au niveau d'un Ministère Moldu..."
Alexander but lui aussi une gorgée de thé avant de reprendre.
"Mais nous ne sommes pas ici pour trancher cette question. Il nous faut à tout prix trouver une solution pour cette menace. Nous ne pouvons pas envoyer les aurors..."

Alistair appuya sa dernière phrase, ce qui confirma Alexander dans ces idées.
*à chaque fois qu'un groupe extrémiste avait pris de l'importance, il avait renversé le pouvoir en place.* Cette pensée ressurgit à l'esprit du vieil homme.
"Si nous ne pouvons pas faire taire ce mouvement, il nous faudra au moins s'assurer qu'il ne grossisse pas." affirma-t-il.
"De quelles informations disposons-nous ?"

- Effectivement, envoyer les aurors témoignerait d'un pouvoir autoritaire et donner une importance acrue à ce mouvement. Nous lui ferions aussi de la publicité gratuite et il n'en est pas question.

Alistair tapa du poing sur la table pour marquer sa détermination et sa volonté dans cette affaire. Ce faisant, il fit sauter ses stylos et plumes qui se trouvèrent en désordre, l'encrier qui faillit tomber, et son porte parchemin... il enragea encore plus et remit à ranger avec plus de frénésie que d'habitude. Tout en lui trahissait son inquiétude et son état de nerfs.

- Nous ne savons pas grand chose d'eux. Un groupuscule inconnu de nos services a commencé à organiser des réunions secrètes dans le West-end. Apparemment, ils ont comme des prédicateurs et des recruteurs s'affairant dans les milieux défavorisés de notre population. Mais nos enquêteurs pensent que l'oigine du mouvement se trouve pourtant du côté de l'aristocratie et de la bourgeoisie. Pour l'instant nous essayons d'en savoir un peu plus sur les têtes pensantes .

Le Ministre se leva de sa chaise. Il était incapable de tenir en place. Ce petit problème risquait de devenir la première crise que traverserait son administration. La seule chose qu'il voulait, c'était donner une bonne image de son équipe et de son travail, garder la confiance et surtout l'aveuglement de la population face à la réalité des choses. il n'était pas technocrate pour rien quand même.

- Que pouvons-nous faire d'autre pour l'instant mon ami?

Hélas pas grand chose, pensa-t-il.

Alistair donna un bon coup de poing sur la table ce qui eut pour effet de surprendre Alexander. La tasse tinta dans sa soucoupe que le vieil homme tenait toujours dans le creux de sa main.
Le Ministre de la Magie remettaient les stylos et les plumes à leur place initiale avec sur le visage une expression de regret face au chaos qui résultait de sa subite attitude. Alexander rattrapa de justesse de rappeltout qui roulait le long du bureau et menaçait de tomber au sol avant de le reposer délicatement dans son socle de métal forgé.

Alexander posa sa tasse, au fond de laquelle il avait laissé quelques gouttes de thé et se leva. Il fit le tour de son fauteuil et entama un va et vient, usant la moquette qui tapissait le sol de la salle de ses lourdes semelles de caoutchouc.
Il écoutait avec un soin tout particulier les bribes d'informations que le Ministère avait pû glamer.
*Milieu défavorisé... Bourgoisie et aristocratie... Influence...* Les pensées du Ministre des jeux Magiques flanaient d'un mot à un autre par connection plus ou moins logique jusqu'à trouver une idée. *... Secret... Informations... Informateur... Infiltration* La tête d'Alexander se releva d'un seul coup. Le vieil homme se tourna vers son ami, appuyant sur le dossier du fauteuil sur lequel il était assis quelque minutes plus tôt, et dit :
"Il nous faut quelqu'un a l'intérieur de ce groupuscule afin de pouvoir nous fournir les informations manquantes. Mais quelqu'un qui puisse rapidement gagner la confiance des leaders du mouvement, pas un grouillot tout juste bon à exécuter les ordres... Il nous faut quelqu'un qui puisse devenir le bras-droit des cerveaux de l'opération."
Alexander se jeta sur sa tasse, avala les dernières gouttes du breuvage et reposa bruyamment la tasse dans la soucoupe.
Il s'affala dans le fauteuil et s'appuya sur l'accoudoir, les doigts glissant dans les poils de sa barbe.
"J'aurai bien quelqu'un... mais..."

Quelle sale manie avait ce vieux barbu de toujours tourner en rond à chaque fois qu'il réfléchissait! Le pauvre Alistair n'osait plus le regarder de peur d'attraper le mal de mer. Du coup, le temps qu'il regagne sa place, il contempla le rapeltout qui n'était pas à sa place, et le remit, au millimètre près au bon endroit sur son socle.

Lorsque son vieil ami lui parla et laissa planner un laisser doute sur son idée, Alistair n'y tint plus.

- Mais quoi Alexander, mais quoi? Venez-en aux faits!
Si vous connaissez un auror capable d'infiltrer ce réseau pour soutirer un maximum d'informations à son sujet, je suis prêt à lui donner carte blanche et même une promotion s'il réussit.
le temps joue contre nous. Plus nous attendrons, plus de gens sans cervelles seront contaminés par ces inepsies.

Cette fois, ce fut au tour du Ministre de se lever. Il s'en fut à la fenêtre de son bureau. Oui, bien que le ministère fût dans les profondeurs de la terre, le bureau du Ministre au premier, était agencé sur deux niveaux. Le second, en contre-bas de son bureau disposait d'une large baie vitrée avec vue sur l'atrium. bien sûr, cette "vitrine" n'était pas visible de l'atrium...

Alistair prit quelques secondes pour promener son regard sur la place remplie de monde. Et dire qu'aucune de ces personnes n'avait idée de ce qui se tramait à l'estérieur!

- Jamais je ne laisserai de telles idées revoir le jour. Il ne manquerait plus que ces démons de sangs-pur reviennent sur le devant de la scène par dessus le marché!

Alexander avait fait les cents pas dans le bureau, tout comme dans sa cabine, à l'époque où il commandait une partie de la flotte de la Royal Navy. Mais à cette époque là, l'ennemi était tout autre. Il était connu. Il venait de l'Est, il était armé, il était fou, il était dangereux et deplus, il était communiste*. Aujourd'hui, il s'agissait d'un ennemi de l'intérieur. Un ennemi sournoi et inconnu. il pouvait être n'importe qui. Il pouvait être partout. Ce qui accroissait sa dangerosité et la crainte qu'Alexander ressentait ou qui pouvait emaner de son vieil ami Alistair.

Ce dernier craqua, probablement sous la pression, et somma le Ministre des Jeux et Sport Magique de s'exprimer clairement et no plus par enigme.
*un auror...* s'étonna Alexander aux dires d'Alistair. *Mais vous n'y pensez pas...*
Le Ministre de la Magie s'avança vers les baies vitrées de son bureau et jeta un coup d'oeil vers le foule en contre-bas. Alexander pouvait imaginer que la horde qu'il avait croisé en arrivant au matin n'avait pas disparue et que le Hall du Ministère grouillait telle une fourmilière.

Aux mots "démons de sang-purs" Alexander releva d'un coup la tête. Cela lui rappela tout à coup les premières années d'étude à Poudlard. A l'époque où les anciennes familles sorcières traditionnelles avaient encore tout pouvoir. A l'époque où celui qu'on chanterait plus tard comme représentation de la tolérance ; Dumbledore, n'était encore qu'un élève de Gryffondor comme les autres.
Alexander, même s'il gardait d'excellents souvenirs de ses années à Poudlard, ne pouvait ressentir ce malaise qu'il avait ressentit à son entrée à l'école quand les sang-purs s'amusaient à trainer dans la boue ceux qu'ils appelaient les Sang de bourbe.
"les sangs-purs" chuchota-t-il à moitié perdu dans ses pensées.

"Je ne sais pas si un auror serait approprié..." dit-il en se levant, le ton plein d'assurance et imposant. "Qui nous qu'ils n'ont pas inflitré le Ministère et qu'ils sont au courant de ce qui y est fait."
Alexander s'approcha de la baie vitrée et regarda à foule. "Avec tout ce monde, comment peut-on garder quelque chose secret ?" demandat-il en pointant du doigt la masse mouvante des sorciers dans le Hall d'entrée.
"Je pense qu'il nous faut quelqu'un de proche, en qui nous pourrions avoir toute confiance. Comme un membre de notre famille."
Alexander regarda la réaction d'Alistair.




* [HJ] Je ne fais pas de politique, je tiens seulement à rappeler l'ambiance qui a bercé une grande partie de la vie d'Alexander en tant que Capitaine de flotte durant la Guerre Froide.

En bas la foule s'agitait. L'Atrium ressemblait à un immense hall de gare. Un homme qui s'était mis à courir en bousculant tout sur son passage. Heureusement pour la tranquilité des lieux que les aurors sont intervenus rapidement et l'ont maîtrisé. Alistair aurait bien fait une petite comparaison entre cet homme et le mouvement qu'il souhaitait lui-même endiguer, mais les derniers propos d'Alexander l'avaient intrigué, pour ne pas dire surpris.

- Un secret n'a pas vocation à rester secret mais à être dévoilé en temps voulu et de manière judicieuse pour nous servir.

Alistair retourna s'asseoir à son bureau à partie duquel il avait parfois l'impression de diriger le monde. Ses prédécesseurs avaient été tellement prestigieux, si l'on exceptait Fudge évidemment. Lui-même souhaitait ardemment entrer dans l'histoire pour porter au plus haut le nom de Caron... Mais pour l'instant, il y avait une chose qu'il avait du mal à comprendre. Il fit machinalement craquer chacun de ses doigts et finit par dire:

- Qu'entendez-vous par quelqu'un de notre famille? Al fait des études en France auprès de notre ambassade, Lennon n'est qu'à Poudlard, ma femme est incapable d'accomplir ce genre de mission. Et puis... Je n'ai aucune envie de mettre ma famille en danger. C'est un bien tellement précieux en politique... Enfin, je les aime...

En matière de famille, Alistair avait du mail à laisser parler ses sentiments. Bien sûr il était ambitieux, égocentrique, cynique? Tout un tas d'autres adjectifs peu glorieux pouvaient tout aussi bien le qualifier, mais en l'espère, ils n'étaient pas utiles pour parler d'Alistair et de ses sentiments envers sa famille.

En fait, le Ministre était de la vieille école, celle où on n'habitue pas les gens à se dévoiler, à se dire des "je t'aime" à profusion. Il avait toujours refusé d'entrer dans ce jeu là et s'était toujours replié sur son éducation stricte.

Alexander regardait d'un oeil plus que critique les mouvements de la foule en contre-bas. Il retrouvait la masse des sorciers qui entouraient le guichet d'accueil, les sorciers qui longeaient les cheminées, les badauds admiratifs devant la fontaine centrale. Ce spectacle avait quelque chose de pathétique. Et dire que c'était pour des gens comme ceux-là qu'il travaillait. Dire que c'était pour ces sorciers inconscients de ce qui se tramait continuellement autour d'eux que le Ministère luttait en silence. Et ils avaient encore l'audace de se plaindre.

Alexander se dirigea vers son fauteuil et se cala confortablement au fond des coussins avant de reprendre la tasse et sa soucoupe dans le creux de sa main.
"Quand je parlais de notre famille, il s'agissait essentiellement de personnes proches, en qui nous pourrions avoir toute confiance, mais qui ne soulèveraient tout de même pas les soupçons de notre ennemi."
Le vieil homme sortit sa baguette et la pointa vers la théière posée sur le buffet. Cette dernière voleta jusqu'à lui, remplit délicatement la tasse avant de repartir. Ce fut ensuite au tour du sucrier dont la pince laissa tomber deux morceaux. Une fois le ballet terminé, Alexander commença à remuer le breuvage, la cuillère en étain tintant contre la porcelaine de la tasse.

"Voyez-vous, il ne faudrait pas non plus que l'ennemi se méfie. Pour cela, je pensais à ma fille, Sophie, qui paraît totalement inoffensive, et à votre fils, Calum."
Alexander avait dit cela avec un total dédain et un ton si naturel. Il ne regarda même pas le visage d'Alistair lorsqu'il prononça le nom de Calum, se doutant très bien ce qu'engendrait le rappel à Alistair qu'il avait un troisième fils.

- Calum? laissa-t-il échapper malgré lui.

La tête de son fils lui apparut devant les yeux. ce fils indigne de leur lignée, ce misérable rêveur, Alexander n'avait pas tort. Il serait sans doute d'un bon secours. Malgré cela, Alistair doutait.
Tout d'abord, il était hautement improbable que cette tête de mule accepte une mission pour le compte de son père. Ce paresseux doublé d'un idéaliste serait bien incapable de réussir quoi que ce soit. Il serait sans doute même partant pour faire échouer volontairement notre projet tant il me déteste.
En même temps, au creux de son ventre, une petite boule se contractait. En remontant vers son bureau, il planta son regard dans celui de son ami. Il avait raison, sa fille et Calum seraient deux pigeons parfaits à mettre entre les griffes de ses rapaces. Mais, pourraient-ils s'en sortir indemnes? La question méritait réflexion, surtout pour la fille de Cunningham pensa-t-il.
- Ne craignez-vous pas pour votre fille? Même si je me contrefiche de ce qui peut arriver au libraire, lâcha-t-il hargneux, il n'en est pas de même pour elle. Et puis... Gladys ne me le pardonnerait jamais s'il arrivait quelque chose à son rejeton.

Ce minable l'avait pourtant quittée pendant son périple en Europe. Même s'il lui écrivait plusieurs fois par semaine, la femme d'Alistair avait très mal vécu cette séparation de cinq ans. Elle avait quitté un timide adolescent pour retrouver un homme. Un homme apaisé certes, mais son bébé n'était plus.


Et quand bien même s'il mettait sa femme en exergue, lui aussi se ferait un peu de souci pour Calum, en témoignait cette fameuse boule au ventre... D'un autre côté, la perte d'un fils et la propagation de cette nouvelle lui ferait gagner quelques points bienvenus dans les sondages... C'était aussi à prendre en considération.

Alexander remuait son thé, prêtant presque plus d'attention à l'effet de la cuillère dans la tasse qu'à ce qui se passait autour de lui. Ses yeux étaient rivés sur la surface sombre du thé.
Sa cuillère tournait doucement dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, provoquant un petit grincement à chaque tour qu'elle faisait dans la tasse de porcelaine. Des vaguelettes naissaient sur son passage. Un courant suivait le manche en étain. On pouvait deviner, à travers la surface ténébreuse du breuvage le sucre fondre au fur et à mesure jusqu'à ce que toute résistance ait disparut.

Alexander releva la tête vers son collègue et ami et lui répondit :
"Je ne pense pas que nos enfants risquent quelque chose."
Il jeta rapidement un coup d'oeil à son thé avant de refixer son regard vers le Ministre.
"Il est de notoriété plus ou moins public que Calum et vous n'êtes pas en bon terme et ma fille est trop..." Le premier mot qui lui vint à l'esprit fut "Tarte" mais il se retint et préféra dire "... indépendante vis à vis de moi pour qu'on puisse se méfier d'elle."
Après tout, elle enseigne à Cymru et nous ne nous sommes pas vu depuis plusieurs années."
Il amena sa tasse à ses lèvres, avala un gorgée de thé afin d'hydrater son palais desséché, et finit :
"Et eux au moins, nous sommes sûrs qu'ils ne se laisseront pas embiboné.
Je connais assez bien ma fille pour l'affirmer et mes discutions avec votre fils me laissent penser qu'il s'agit d'un garçon intelligent."
Il aurait pû ajouter "comme vous" mais les compliments n'étaient pas son fort.

Il devait forcément savoir ce qu'il disait.

Alistair ne savait pas quel degré de connaissance liait Calum à Alexander, mais il était de notoriété publique qu'Alexander était un client régulier de Fleury & Bott. Il ne pouvait que mieux connaître Calum que son propre père, ce qui embêtant même si on n'aime pas son fils, mais qu'on est Ministre de la Magie avec un égo surdimensionné comme celui d'Alistair.

Il fit mine de réfléchir en regardant son complice boire son thé. Qu'est-ce qu'il pouvait aimer le thé! parfois, le Ministre avait l'impression qu'il aurait pu le laisser seul avec le thé tout un après-midi, revenir, et le retrouver toujours tasse en main. Sans doute était-ce son service dans les sous-mariniers de la Reine qui l'avait rendu aussi patient et impassible...

- Je vous fais confiance. Allez voir le libraire et débrouillez-vous. Je veux être tenu au courant de tout.

Oui, après tout, pourquoi pas?

Le tenir au courant... Le tenir au courant... Il en avait de drôle. Il n'allait tout de même pas lui envoyer un rapport à chaque fois qu'il bougeait un petit doigt. Parce qu'Alexander savait ce que voulait dire "le tenir au courant", M. Le ministre appréciant avoir la main mise sur son petit monde (euphémisme).

Alexander se leva et dit :
"Ne vous inquiétez pas."
Il prit la soucoupe et la tasse sur le bureau d'Alistair et la posa sur le buffet, juste à côté de la théïère.

Sans jeter un coup d'oeil au Ministre de la Magie, il ouvrit la porte et disparut dans le couloir en direction des ascenseurs. Il disparut dans le couloir, laissant Alistair seul dans son fauteuil. Il disparut dans le couloir, laissant la trace d'une tasse sur bureau, entre le rappeltout et un pot à plumes.